Plan de l’Au : les rösti "tout le cheni", c’est bientôt fini
Célèbre dans tout le canton pour ses incontournables rösti "tout le cheni", la buvette du Plan de l’Au s’apprête à tirer sa révérence à la fin de la saison. Rencontre avec deux sœurs qui ont fait vivre et rayonner ce lieu emblématique.
Le compte à rebours est lancé : le samedi 13 septembre à midi, les derniers clients seront servis au Plan de l’Au. Après environ deux décennies à accueillir randonneurs et habitués, la buvette fermera ses portes. "Oui, ça va nous manquer, mais on va retrouver une vie normale, comme tout le monde", souffle Marie-Noëlle.
Pas de grande fête annoncée pour marquer le coup. "On terminera comme on a toujours tenu la buvette : simplement." Il n’y aura d’ailleurs pas de service du soir en septembre, en raison du froid. L’annonce de la fermeture a touché une clientèle fidèle, parfois depuis trois générations : "On connaît les parents, les enfants, et maintenant les petits-enfants. C’est formidable.", glisse Marie-Clémence.
La décision n’est pas un caprice, mais une nécessité. Le projet de transmission n’a pas pu se concrétiser comme espéré. Toutefois, les deux sœurs espèrent que celles et ceux qui prendront le relais auront autant de plaisir qu’elles en ont eu, toutes deux.
Le rösti « tout le cheni », légende locale
S’il y a bien un plat qui symbolise le Plan de l’Au, c’est lui : le rösti "tout le cheni". Un ovni calorique né d’une simple phrase lancée par un client : "T’as qu’à mettre tout ce que tu as dans le frigo, tout le cheni !". L’expression est restée. Et la recette aussi.
Base de rösti, garnitures à la carte, sauce tomate, jambon, tomates, saucisse au chou, fromage et possibilité de tout combiner. Le résultat ? Une assiette généreuse : près de 1800 calories, sans compter la fameuse Coupe Alain en dessert, création maison à base de glace, chocolat chaud, chantilly et meringues. Bilan : plus de 2000 calories. Et à la question de savoir s’il valait mieux monter à pied avant d’affronter le plat, Marie-Clémence acquiesce, sourire en coin.
Mais au-delà du contenu des assiettes, c’est l’ambiance qui fait la différence pour Marie-Noëlle : "ce qui fonctionne ici, c’est la simplicité. On est vraies, on est naturelles, et les gens sentent ça." Les locaux, en majorité, viennent en nombre et les marcheurs eux viennent plutôt pour le café du matin où l’apéro de l’après-midi.
Des tables dans l’herbe et un frigo dans le bassin
Avant de devenir une buvette, le Plan de l’Au était un simple alpage. En 1989, le père de Marie-Clémence et Marie-Noëlle s’y installe. L’idée d’en faire un lieu de restauration émerge un jour au détour d’une discussion : "un voisin nous a dit : ‘Pourquoi vous ne faites pas une buvette ?’”, se souvient Marie-Clémence.
La réponse ne se fait pas attendre. Trois tables sont installées. Le bassin sert de frigo. "À l’époque, quand on faisait 20 clients, on était heureux.", se souvient Marie-Clémence. L’ambition, elle, viendra plus tard, après le décès du père. Les deux sœurs entourées de leur famille reprennent les rênes, avec énergie et créativité.
Pour elles, cet alpage est bien plus qu’un lieu de travail : "c’est le côté familial, le côté où nos enfants ont grandi là, où ils ont vécu, ils n’étaient pas toujours très contents d’être là tous les étés, mais finalement, maintenant, avec l’âge, ils sont contents d’avoir vécu cette expérience".