Novelis obtient un cautionnement de 100 millions et s'épargne les intérêts
La prise en charge des intérêts du cautionnement accordé par l'Etat du Valais à Novelis s'est jouée sur le fil. Le canton prendra finalement à sa charge ce montant, qui pourrait s'élever à trois millions de francs.

Novelis n'aura pas besoin de payer les intérêts liés à son cautionnement de cent millions de francs accordés par l'Etat du Valais. Le Grand Conseil a accepté ce vendredi sur le fil – à 65 voix contre 63 et une abstention – de laisser le canton prendre à sa charge les intérêts du cautionnement. Le montant pourrait atteindre trois millions de francs.
Refusée jeudi après un débat musclé, la mesure a finalement été validée après un arrangement entre le groupe du Centre et les socialistes. Le compromis consistait pour le PS à soutenir la prise en charge étatique des intérêts contre un soutien du Centre en faveur d'une meilleure garantie du taux d'emploi chez Novelis. Ainsi, l'entreprise industrielle sierroise devra conserver 85% des postes, contre 75% initialement. L'UDC, le PLR et les Verts étaient opposés à cette proposition. Ils ont comparé l'accord entre le PS et le Centre de "magouille" et de "tour de passe-passe". "On ne comprend pas pourquoi l’Etat du Valais, c'est-à-dire la population, devrait payer ces intérêts", s'offusque Nathalie Cretton, députée écologiste.
Attaqué, le groupe socialiste se défend de toute manigance. "Mon parti a fait ce pour quoi il est élu, c'est-à-dire de la politique", se défend Sarah Constantin, cheffe du groupe PS et Gauche citoyenne au Grand Conseil. "On a essayé de trouver le meilleur compromis pour aller dans le sens de la préservation d'un maximum d'emplois", argumente l'élue PS. "Donc non, on n'a rien manigancé", ajoute-t-elle.
Un soulagement pour Christophe Darbellay
L'Etat du Valais plaidait dans son texte initial pour une prise en charge des intérêts du prêt et pour une protection de l'emploi à 75%. Finalement, il obtient du bout des lèvres son entière participation aux intérêts et doit concéder une hausse de 10% d'emplois protégés. "Je suis très soulagé", réagit Christophe Darbellay, chef du Département de l'économie et de la formation. Il rappelle que le geste le plus important du jour reste le cautionnement de cent millions de francs. Pour le reste, c'est que du bonus. "C'est un petit geste supplémentaire qui permet à l'entreprise de retrouver le plus rapidement possible une situation la plus normale possible", s'exclame-t-il.
Devant les députés, le conseiller d'Etat a reconnu que la prise en charge des intérêts du prêt représentait un défi pour le canton, à l'aube d'un budget 2025 qui s'annonce serré. "Il faudra faire des efforts partout", reconnaît Christophe Darbellay. "Je ferai des efforts même si c'est difficile", assure le centriste.
L'inquiétude est partagée par les groupes politiques, notamment la gauche. Les intérêts seront pris en charge par le Département de l'économie et de la formation. Les députés craignent que la formation paie les pots cassés de cette aide à Novelis. "L'Etat du Valais nous a dit qu'on ne pouvait pas engager des EPT, qu'on ne pouvait pas financer le renchérissement sur le salaire des employés d'Etat, et là, on arrive à sortir de l'argent. Par quel tour de passe-passe ?", se questionne Nathalie Cretton.
Au vote final, les députés ont accepté ce cautionnement de cent millions de francs en faveur de Novelis par 108 voix contre 8 et 12 abstentions.