Métiers "hors du commun" : je suis scaphandrier
Dans le cadre de notre série sur les métiers « hors du commun », nous avons rencontré Xavier Coquoz, scaphandrier à son compte depuis 18 ans. À l’aide d’un petit bateau à moteur, nous l’avons rejoint sur une plateforme au large du bord sur les eaux calmes du Léman.
C’est par une chaude matinée d’été que nous embarquons à bord d’un petit bateau à moteur dans le port de plaisance de Founex dans le canton de Genève. Après quelques minutes qui nous emmèneront plus loin au large, nous rejoignons une plateforme temporaire sur laquelle une petite équipe s’affaire en surface. Après avoir observé cette petite troupe évoluer, nous comprenons que la grosse partie du travail ne se passe pas dessus la plateforme, mais bel et bien en dessous. À quelques mètres de profondeur dans les eaux du Léman, un plongeur que l’on appelle aussi « scaphandrier » est en train de fixer une conduite. En surface, la bande s’occupe de tout le reste en lui assurant un apport constant en oxygène, en lui transmettant toutes les informations nécessaires ou encore en lui faisant parvenir les outils qui servent à la réussite de la mission. Lors de l’une des rares phases d’accalmie de la matinée, nous prenons le temps de nous entretenir avec Xavier Coquoz, l’homme à la manœuvre sur cette plateforme.
L’archéologie et la plongée
Après l’obtention d’une maturité en science économique, Xavier se lance dans des études d’archéologie classique. En parallèle, pour se faire un peu d’argent de poche, il parcourt les chantiers comme manœuvre emmagasinant au fil des années de solides connaissances qui lui serviront plus tard. « À l’âge de 18 ans, je me suis dit que j’allais passer des vacances un peu intelligentes et du coup je suis allé faire un brevet de plongée », se rappelle Xavier qui mettra le cap sur les Maldives pour effectuer son brevet. « Ça été un choc dans le sens positif du terme », se souvient-il. Très vite, l’argent gagné sur les chantiers lui sert comme financement pour ses brevets et son matériel de plongée. En ayant l’archéologie d’un côté et la plongée de l’autre, la suite à donner à sa carrière professionnelle semble toute tracée, ce sera de l’archéologie subaquatique. En s’intéressant de plus près au métier, il remarque que dans ce domaine, il n’y a pas seulement des universitaires, mais aussi des techniciens de fouille. Autrement dit, des plongeurs de travaux publics ou encore des scaphandriers. Xavier voit dans ce métier une opportunité, il se lance et quelques années plus tard après avoir effectué des travaux comme temporaire, il ouvre sa propre structure en 2006 sous le nom de « Dive Explorer Pro ».
Un métier aux multiples facettes
En Suisse, être en possession d’un papier de scaphandrier n’est pas nécessaire pour exercer le métier, seul un brevet de plongée sportive suffit pour être dans la légalité. Mais il ne faut pas se bercer d’illusions, savoir plonger ne fera pas de vous un bon scaphandrier. « Il faut être démerde, car on va nous demander de faire du béton sous l’eau alors que nous ne sommes pas maçons. On va nous demander de faire de la soudure sous l’eau alors que nous ne sommes pas serruriers. On doit être apte à travailler avec un peu tout », précise Xavier qui nous livrera que l’expérience acquise sur les chantiers lors de sa jeunesse lui sert tous les jours au quotidien. Pour se rendre compte de la diversité des tâches réalisable par l’entreprise de Xavier, il faut l’écouter lister le champ des possibles. Ainsi, la découpe de béton, de bois ou de métal peut précéder une recherche d’objet perdu ou encore un déplacement d’épave immergé.
Le danger
Bien que plusieurs assurances considèrent ce métier comme un métier à risque, Xavier n’a pas le sentiment de faire une activité dangereuse. Conscient d’évoluer dans un milieu qui n’est pas adapté à l’être humain, il pense cependant que tous les aspects de son travail sont maîtrisés et gérés. Ainsi, chaque système qui permet au plongeur de respirer est doublé pour éviter toutes mauvaises surprises. Une communication constante avec l’homme qui se trouve sous l’eau est assurée par celui en surface qui, simplement en écoutant la respiration de son collègue, peut savoir si tout ce déroule normalement.
Une fois sous l’eau
La sensation de privation de pesanteur est la première sensation qui marque Xavier à chaque fois qu’il plonge la tête sous l’eau. Celle de pouvoir évoluer pendant des heures dans tous les sens sans vraiment ressentir de pesanteur le frappe aussi. Une fois en plongée, une forme de replis sur soi-même s’opère aussi, plus rien n’est vraiment important si ce n’est le travail à effectuer et ses propres paramètres à gérer. En passant autant d’heures dans la pénombre des profondeurs, Xavier a développé d’autre sens. Il se dit très à l’aise quand il doit évoluer en l’absence de lumière par exemple.
Le matériel
Vous pouvez retrouver l’interview complet ci-dessous.