Maison Azur : une exposition sur la mort dans un lieu de fin de vie
Une exposition sur la mort dans un centre de soins palliatifs : le pari audacieux de la Maison Azur à Sion. L'établissement accueille "Raconter la mort", un projet artistique sur le deuil et le tabou qui entoure la fin de vie.
La Maison Azur à Sion accueille une exposition sur la mort. Le projet itinérant "Raconter la mort" fait halte pour sa première étape en Suisse romande à la Maison Azur. Du 19 septembre au 12 octobre 2025, les visiteurs pourront librement et gratuitement écouter 6 podcasts issus d'un dialogue intergénérationnel sur le traitement des personnes défuntes, les pratiques rituelles, les sépultures, le deuil et la mémoire. L'établissement palliatif accueillera aussi une installation artistique d'une vingtaine d'objets autour du deuil. Elle est signée par Virginie Rebetez.
La Maison Azur a été approchée pour accueillir l'exposition dans le cadre des 20 ans de l'association palliative Valais. L'idée a d'abord suscité quelques craintes de la part de la direction de la Maison Azur, elle qui se bat au quotidien pour présenter sa structure comme un lieu de vie et non un mouroir. "Je craignais qu'avec cette exposition, on livre un contre message, que l'on fasse une exposition sur la mort alors que l'on met en avant la vie", explique Agnieszka Grosjean-Bagnoud, la directrice de la Maison Azur. "Je me suis finalement rendu compte que parler de la mort, c'est mettre en avant la vie, chaque instant qui doit être vécu jusqu'au bout", ajoute-t-elle.
L'exposition au cœur de la Maison Azur
L'exposition est accessible gratuitement et librement tous les jours de 14 heures à 17 heures. Des endroits spécifiques ont été choisis pour accueillir l'exposition et gêner le moins possible le quotidien des malades. Les podcasts sont disponibles dans 6 lieux de la structure, des espaces dédiés à la vie communautaire. L'installation artistique prend ses quartiers aussi dans les espaces communs. "Les étages des chambres restent réservés aux patients et aux familles pour préserver leur intimité", précise Agnieszka Grosjean-Bagnoud.
La directrice ne craint pas une levée de boucliers des patients et de leur entourage au sujet de l'exposition. "On est tous très ouverts dans la maison sur ces questions", estime-t-elle. Elle poursuit : "s'il y a des craintes, on est là pour les accueillir, expliquer nos motivations".
Dans l'institution sédunoise, la mort n'est pas un tabou. "À la Maison Azur, la vie côtoie la mort et la mort côtoie la vie", résume sa directrice. Selon elle, l'exposition va même asseoir la mission de son institution : dédramatiser la mort.
L'exposition est ouverte à tous. Agnieszka Grosjean-Bagnoud espère toutefois accueillir la nouvelle génération. Elle estime que le tabou autour de la mort est plus présent chez les jeunes. "On voit ces dernières années de moins en moins d'enterrements qui se vivent en société", observe-t-elle. "Le deuil se vit beaucoup dans l'intimité", ajoute-t-elle. "Notre but est d'ouvrir la discussion sur la mort avec cette exposition", explique la directrice de la Maison Azur.
Outre l'exposition, deux événements – une écoute collective d'un podcast le 26 septembre au foyer du Théâtre de Valère et une lecture en musique et un échange le 7 octobre à l'aula FXB – sont encore au programme.
Une exposition issue d'un travail scientifique
L'exposition est un projet de communication scientifique, soutenu par le Fonds national suisse de la recherche scientifique et porté par la Haute école de travail social et de la santé à Lausanne. Le projet reposait sur deux recherches : les nouvelles pratiques funéraires et les prises en charge des personnes défuntes et des expériences de deuil en temps de pandémie de Covid-19.
Réalisé avec trois partenaires - le Palp Festival, la commune de Chavannes-près-Renens (VD) et Connaissance 3 - "Raconte la mort" a proposé des rencontres citoyennes et des dialogues intergénérationnels autour de la mort. Les 6 podcasts sont nés ainsi. En relation avec les personnes ayant participé à ces dialogues, une œuvre a pris forme à partir d'objets hérités et transmis à l'artiste Virginie Rebetez.
Après la Maison Azur, l'exposition itinérante sillonnera les cantons romands entre septembre 2025 et mars 2027. Elle est soutenue par la Fondation Leenaards et la Fondation Pallium.