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Les salles d'escalade seraient saturées de substances toxiques : les chaussons pointés du doigt

L’air des salles d’escalade aussi pollué que les abords d’une route fréquentée ? C’est ce qui ressort d’une étude de l’EPFL, qui pointe du doigt les chaussures de grimpe. Réaction du gérant de plusieurs salles d’escalade en Valais.

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Nathalie Terrettaz
Nathalie Terrettaz, Rédaction Rhône FM
02 sept. 2025, 07:00
/ Màj. il y a 7 jours
Salle escalade Saxon GARDER

Les salles d’escalade seraient saturées de substances toxiques. Émanant des chaussures de grimpe, des produits chimiques potentiellement dangereux se retrouveraient dans l’air des salles d'escalade. Celui-ci pourrait être aussi pollué que les abords d’une route fréquentée.  

Les chaussons en cause

C’est ce que démontre une étude menée par des scientifiques de l’EPFL et de l’Université de Vienne. Selon les résultats de cette étude publiée ce printemps, les chaussons d’escalade contiennent des composés de caoutchouc similaires à ceux utilisés pour la fabrication des pneus de voitures. Ils incluent notamment des additifs suspectés d’être toxiques pour les êtres humains et l’environnement.

"Tout comme les pneus, les semelles des chaussures d’escalade sont des produits de haute performance, pour lesquels les additifs jouent un rôle essentiel, leur permettant d’être plus solides et résistants", explique Anya Sherman, chercheuse en environnement au Centre de microbiologie et de science des systèmes environnementaux (CeMESS) à l'Université de Vienne.

"Nous disposons de filtres à particules et tous les jours une entreprise spécialisée vient nettoyer les salles." Cyril Portier, administrateur des salles d’escalade Vertic-Halle

"Selon cette étude, les salles saturées sont celles qui sont peu ventilées. Hors de notre côté, nous disposons de filtres à particules et tous les jours une entreprise spécialisée vient nettoyer les salles", indique Cyril Portier, administrateur des salles d’escalade Vertic-Halle à Monthey, Saxon et Baltschieder. "Dans un premier temps, nous avons pris contact avec le fabricant de nos filtres à particules, afin de savoir si les émanations provenant des chaussons étaient également prises en compte dans la machine. Ce qui a été confirmé, puisqu'il s'agit de particules fines qui passent donc également par ces filtres."

Contact avec les fabricants

Si ses salles sont bien ventilées, Cyril Portier cherche tout de même des solutions pour mettre un terme à cette source de pollution. "La meilleure alternative reste de mettre un terme à la source de pollution. C'est pourquoi nous avons pris contact avec les fournisseurs de chaussons d'escalade, afin de trouver des alternatives."

"Nous avons pris contact avec les fournisseurs de chaussons d'escalade, afin de trouver des alternatives." Cyril Portier, administrateur des salles d’escalade Vertic-Halle

Selon Cyril Portier, les fournisseurs sont conscients de la problématique. "Ils ont envie de trouver une solution aux substances toxiques émises par la gomme des chaussons d'escalade, parce que cette étude a eu un impact dans toute l'Europe."

La réponse de Scarpa

Interrogé, le fabricant de chaussons d’escalade Scarpa, soit ceux proposés à la location par Vertic-Halle, tient à préciser qu'il n'est pas en mesure d'exprimer une opinion officielle à ce jour, les recherches disponibles n'étant pas issues d'organismes certifiés ou reconnus par les autorités compétentes. Concernant la gomme de ses chaussons, la société basée à Asolo en Italie indique toutefois s’approvisionner en caoutchouc auprès de fournisseurs internationaux, sélectionnés pour leur conformité aux normes de qualité et de sécurité les plus strictes.

Quinze additifs identifiés

Les chercheurs se sont demandé si les particules des semelles des chaussons d'escalade pouvaient se retrouver en suspension dans l’air des salles, comme le font les particules de pneus en environnement extérieur. Pour le savoir, Thibault Masset, chercheur au Laboratoire central environnemental (CEL) de l’EPFL a développé un processus analytique inspiré de celui employé pour les additifs des pneus.

Le chercheur a collecté des échantillons de poussières dans des halles de grimpe en Suisse, en France et en Espagne. Il a également analysé les semelles d’une trentaine de paires de chaussures, afin de comparer leur composition chimique avec les particules retrouvées dans les espaces d’escalade.

Ces données ont été complétées par celles obtenues à Vienne à l’aide d’un impacteur, un appareil servant à mesurer les particules aériennes en simulant le système respiratoire humain. Elles ont offert une vue d’ensemble des composés chimiques en présence et des niveaux d’exposition potentielle des utilisateurs et du personnel.

“La pollution de l’air des salles était plus élevée que ce que nous pensions", réagit Thilo Hofmann, vice-directeur du CeMESS, à l’Université de Vienne. Le plus surprenant, selon lui, était l’observation de concentration d’additifs particulièrement importante en cas de forte affluence d’usagers au même moment dans un espace confiné.

"Les niveaux mesurés se situaient parmi les plus hauts jamais enregistrés au monde et étaient comparables à ceux des routes à voies multiples de mégalopoles", relève-t-il.

Quinze additifs ont été identifiés dans les semelles de chaussures, dont certains sont les mêmes que ceux retrouvés dans les pneus de voitures. A l'instar du 6PPD, un stabilisateur de caoutchouc, qui a notamment été associé à la mort de saumons dans les rivières.

À ce stade, les effets sur la santé humaine sont encore méconnus. Mais Thilo Hofmann souligne que "ces substances n’ont rien à faire dans l’air que nous respirons". 

Les chercheurs espèrent que cette collaboration constructive permettra d’œuvrer à la création d’un environnement de grimpe en intérieur le plus sain possible. Autre objectif : sensibiliser les fabricants de caoutchouc, afin qu'ils suspendent la fabrication de composants chimiques potentiellement dangereux.

Afin d'en savoir plus sur les risques de ces substances sur la santé, les scientifiques de l'EPFL ont soumis un nouveau projet de recherche, qu’ils mèneront en collaboration avec des experts en toxicologie.

NT/ATS
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