Les œufs en pleine effervescence à l’approche de Pâques
Quand la demande s’envole face à l’offre. Les œufs deviennent un incontournable du régime des Suisses, avec une consommation qui s'envole. A quelques jours de Pâques, les producteurs jonglent entre planification fine et respect du rythme naturel des animaux. Visite chez Cocorico à Aproz.

L'œuf n'a jamais eu autant la cote. En Suisse, la consommation a franchi un nouveau record en 2024, avec près de 198 œufs mangés par habitant, selon les derniers chiffres de l’Office fédéral de l’agriculture (OFAG). Une tendance qui se confirme en ce printemps, à l’approche de Pâques.
Les producteurs à flux tendus
À Aproz, chez Cocorico, le phénomène est bien palpable : 50'000 œufs sont distribués chaque jour, dont 9'000 issus de leur propre poulailler. Mais pas question pour l’entreprise d’augmenter la cadence au détriment du bien-être animal.
"Nos poules pondent un œuf par jour, et il faut suivre leur rythme", rappelle Daniel Ulmann, co-directeur de l’entreprise. "Nous avons fait le choix d’avoir 25% d'animaux en moins par rapport à la densité autorisée, pour leur offrir plus d’espace. Et cela se ressent sur la qualité de nos produits."
S’il concède un manque estimé à environ 5% pour répondre à la demande actuelle, il souligne que ce déficit est absorbé par l’importation et qu’il n’y a pas lieu de parler de pénurie. "Il y a suffisamment d’œufs, à condition que chaque consommateur reste raisonnable dans ses achats."
Un appel à la responsabilité
Car l'effet médiatique joue aussi son rôle : les échos de pénuries rencontrées à l’étranger poussent certains acheteurs à faire des stocks inutiles. "Quand on a besoin de 10 œufs, inutile d’en acheter 20 par sécurité", prévient Daniel Ulmann.
Pour le producteur, la clé réside dans la planification et la stabilité, aussi bien côté production que consommation. "Le meilleur geste que peut faire le consommateur, c’est d’étaler sa consommation sur toute l’année, sans créer de pics artificiels."
Pas de spéculation sur les prix
Malgré l’effervescence, Cocorico refuse de céder aux logiques de marché qui prévalent parfois ailleurs. « En Suisse, on n’augmentera pas les prix pour limiter l’acte d’achat, contrairement à ce qu’on a pu voir aux États-Unis », assure Daniel Ulmann.