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Le Valais n'est pas prêt à franchir le pas du congé menstruel

L'idée du congé menstruel fait son chemin en Suisse. Mais le Valais n'est pas convaincu pour l'instant.

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Sandrine Rovere
Sandrine Rovere
12 févr. 2024, 16:40
/ Màj. le 12 févr. 2024 à 22:15
Produits menstruels
Produits menstruels

Deux premières villes suisses ont décidé ces dernières semaines de mettre en place un congé menstruel pour leurs employées souffrant de règles douloureuses. Alors que des projets-pilote sont menés à Zurich et Lausanne, les législatifs d'Yverdon et de Fribourg ont décidé d'inscrire la mesure dans le règlement du personnel. Ils suivent en cela l'exemple espagnol. Madrid a en effet fait figure de pionnier en adoptant un règlement similaire en février 2023.

Si la question fait son chemin en Suisse, elle est encore loin de devenir réalité en Valais. Elle ne figure en tout cas au rang des préoccupations du canton et des communes.

Dans une réponse écrite, le service cantonal des ressources humaines précise en effet que la législation sur le personnel prévoit déjà des dispositions permettant aux employées de s'absenter jusqu'à trois jours sans certificat médical. En cela, le congé menstruel tel qu'il est désigné dans les autres villes qui l'ont adopté est "absorbé par la législation cantonale", estime l'administration cantonale, qui précise qu'aucune autre adaptation de la base légale n'est prévue pour l'instant.

Les villes valaisannes ne vont pas s'engoufrer dans la brèche

Du côté des communes, les villes que nous avons contactées avancent le même argument. Elles indiquent ne pas prévoir de telle mesure dans leur règlement et soulignent qu'il n'y a pas eu de demandes en ce sens au sein des conseils généraux, contrairement à ce qui s'est passé à Fribourg par exemple. 

"Pour les employées, il y a un tabou de parler de cette question, notamment aux RH. Nous devons communiquer le mieux possible afin de les mettre à l'aise" Stéphane Coppey, président de Monthey

Seule la commune de Monthey reconnait avoir évoqué la question au sein de ses services, avant de décider de ne pas franchir le pas. L'administration estime elle aussi que la base légale existante est suffisante.
L'interview du président de la ville Stéphane Coppey:

Stéphane Coppey reconnait toutefois qu'il y a un tabou pour les employées à parler de questions aussi intimes, notamment aux ressources humaines. La ville envisage donc de sensibiliser son personnel sur la question. Elle est actuellement en réflexion, afin de savoir quelle forme cette sensibilisation doit prendre. 

Une réflexion qui ne touche pas l'économie privée

Pour l'instant, la réflexion touche surtout les administrations publiques. L'économie privée n'est pas encore concernée par la démarche en Suisse.   

"Le monde du travail en Suisse est assez libéral. On laisse beaucoup les entreprises décider de la manière d'organiser la vie de leurs employés", explique Aline Bœuf. Chercheuse à l'Université de Genève, elle a travaillé sur la question du congé menstruel. 

Et cette large marge de manœuvre laissée aux entreprises explique, selon elle, pourquoi "les propositions actuelles se limitent pour l'instant aux municipalités".  

"On touche là quelque chose qui touche de la santé intime. Cette question-là est mieux réglée au niveau individuel entre une collaboratrice et son employeur" Vincent Riesen, directeur de la Chambre valaisanne de commerce et d'industrie

Un niet des organisations économiques

Les organisations économiques valaisannes sont d'ailleurs clairement opposées à l'introduction d'un congé menstruel. Pour Vincent Riesen, directeur de la Chambre valaisanne de commerce et d'industrie, il s'agit d'une question qui touche la sphère intime et qui doit donc rester entre l'employeur et l'employée.  

"A mon avis, c'est une mesure qui part d'une bonne intention mais qui va trop loin" Line Pillet, présidente de Femmes PME Suisse romande

Professeure à la HES-SO Valais, Line Pillet est également présidente de l'association Femmes PME, qui représente des femmes cheffes d'entreprise. Pour elle, le congé menstruel est une "mesure qui part d'une bonne intention mais qui va trop loin".


Elle s'inquiète des difficultés d'organisation que cela pourrait créer dans les entreprises mais aussi du coût de la mesure. «Je ne pense pas sûre qu'une entreprise puisse, en plus de toutes les autres charges qu'elle doit assumer, prendre en charge une telle mesure », souligne-t-elle. 

Une possible discrimination contre les femmes ?

Vincent Riesen évoque aussi le risque de discrimination contre les femmes que ce congé menstruel pourrait faire peser. «C'est une disposition qui pourrait se retourner contre les femmes en général puisque cela fragiliserait leur position sur le marché du travail», estime-t-il.

Un risque de discrimination contre les femmes que confirme Aline Bœuf. C'est pour cette raison que ce congé ne doit pas être l'unique solution envisagée pour faciliter la vie des femmes au sein des entreprises. Elle cite notamment le développement du télétravail ou l'amélioration des infrastructures, des solutions qui, selon elle, "peuvent faciliter la vie des femmes, sans renforcer des risques de discrimination".

En Espaagne, il est pour l'instant trop tôt pour évaluer les effets de ce congé menstruel.

SR
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