L’association "Passerelles" fête ses 25 ans
L’association "Passerelles" célèbre ses 25 ans d’engagement en Valais. Active auprès des jeunes et des 50 ans et plus, elle profite de cet anniversaire pour lancer une charte sociale. Son président revient sur le chemin parcouru et les défis à venir.
Depuis sa fondation, "Passerelles" s’est imposée comme une association stratégique entre les principaux services de l’État (AI, AVS, chômage, services sociaux) et les milieux économiques valaisans, représentés par un large éventail d’associations professionnelles. L’association ne mène pas d’actions directes sur le terrain, mais agit comme un incubateur d’idées et un coordinateur de projets en faveur de l’inclusion.
Sa mission, elle, est demeurée constante : offrir une seconde chance aux jeunes en difficulté à la sortie de la scolarité obligatoire. "Ce sont des jeunes qu’on retire d’un vide, d’un no man’s land, pour les remettre sur le chemin professionnel", résume son président, Patrick Bérod. Par le biais de stages de transition d’un an mêlant rattrapage scolaire et activité en entreprise, des milliers de jeunes ont pu retrouver une trajectoire stable, parfois couronnée par l’obtention d’un apprentissage ou d’un certificat.
Les 50 ans et plus, nouvel enjeu de l’insertion
Après deux décennies principalement consacrées à la jeunesse, "Passerelles" a élargi son horizon en 2022 en intégrant un nouveau public cible : les personnes de 50 ans et plus. De plus en plus nombreuses à se heurter à des difficultés de réinsertion, parfois sans accès au chômage ni aux aides sociales, ces personnes forment aujourd’hui un groupe particulièrement vulnérable.
Le programme "50 + actif" a vu le jour pour y répondre. "On sait qu’il est difficile de retrouver du travail après 50 ans", constate Patrick Bérod. Depuis son lancement, plusieurs centaines de seniors valaisans ont pu bénéficier d’un accompagnement vers un nouvel emploi, une reconversion ou même une activité indépendante.
Des secteurs encore restreints, mais un dialogue renforcé
Malgré la diversité croissante des profils accompagnés, l’association se heurte à une contrainte structurelle : l’offre de réinsertion ne couvre pas encore tous les domaines d’activité. Les formations mises en place, en partenariat avec Action Jeunesse, se concentrent sur des secteurs accessibles comme la vente, l’hôtellerie ou la restauration. D’autres essais, notamment dans la boucherie ou l’agriculture, ont été moins concluants. "Pour lancer une filière, il faut un minimum de six à sept participants", rappelle Patrick Bérod.
Ce verrou n’empêche toutefois pas le renforcement des liens avec le tissu économique local. En 25 ans, les passerelles entre monde social et monde entrepreneurial se sont étoffées, permettant de mieux identifier les besoins mutuels et les collaborations. L’association entend désormais œuvrer à une meilleure lisibilité de l’offre existante, tant pour les entreprises que pour les publics concernés.
Des projets phares et une charte pour l’avenir
Les projets portés ou soutenus par "Passerelles" jalonnent un quart de siècle d’initiatives variées. Parmi les plus emblématiques : les stages de transition, mais aussi la création du Martigny Boutique Hôtel, qui offre une expérience professionnelle à des jeunes en situation de handicap, encadrés par des maîtres socioprofessionnels.
À l’occasion de son 25e anniversaire, l’association lance une nouvelle initiative : une charte sociale. Ce document engage les entreprises signataires à respecter certains principes d’intégration, de formation et de bonne conduite sociale. "On aimerait que cela soit pris en compte dans les contrats passés avec l’État", insiste Patrick Bérod. À ce jour, 39 entreprises et institutions ont déjà signé. L’objectif, lui, est clair : "atteindre les 4'000", lâche en riant Patrick Bérod.