La voix des peuples indigènes a résonné dans nos montagnes valaisannes
Des leaders spirituels et politiques de peuples indigènes ont pris la parole dimanche soir à la cabane Brunet dans le Val de Bagnes. Au pied des glaciers, ils ont lancé un appel en faveur de la planète.

Que ce soit du Brésil, du Mexique, de Colombie ou encore d’Afrique, tous étaient présents dimanche soir à la cabane Brunet dans le Haut Val de Bagnes. À l’occasion d’une soirée organisée par la marque Patagonia et l’association NiceFuture, des leaders spirituels et politiques de peuples premiers ont pris la parole devant une cinquantaine de personnes présentes.
Pendant près d’une heure et à tour de rôle, le cacique Ninawa, leader spirituel du peuple Huni Kui en Amazonie, sa Majesté Akoyi Atawé Oussou Lio, prince du peuple Tolinou au Bénin, et Narciso, messager du peuple Kogis originaire des montagnes de la Sierra Nevada de Santa Marta en Colombie, ont parlé des défis auxquels leurs peuples doivent faire face.
Entre réchauffement climatique et pressions extérieures sur leurs territoires sacrés, ils ont tous les trois alerté sur les menaces qui se dressent dans un monde en constante mutation. Si leurs réalités sont différentes et leurs défis divergent, un point commun les relie : le respect et l’amour pour la Terre.
Akoyi Atawé Oussou Lio
Pour sa Majesté Akoyi Atawé Oussou Lio, prince du peuple Tolinou au Bénin, la Terre n’est pas un lieu où l’on vit, mais une entité dont nous sommes issus. "Nous ne sommes pas venus sur la Terre, nous venons de la Terre", a-t-il insisté. Un lien sacré qui implique, selon lui, une responsabilité profonde : "si on prend conscience qu’on est une partie de la Terre, on prend soin de la Terre."
En parcourant le monde, le prince tente de faire entendre cette urgence, même s’il reconnaît que tous ne sont pas prêts à écouter. "Certains veulent attendre le chaos", déplore-t-il. "Mais quand la Terre aura marre, c’est nous tous qui allons partir." Dans un monde secoué par les conflits et le dérèglement climatique, son message est clair : il n’y a qu’une seule maison pour l’humanité, et elle est en danger.
Pour transmettre cette conscience écologique, il plaide pour une éducation intergénérationnelle ancrée dans les valeurs patrimoniales. "Nous avons loué cette Terre à ceux qui viendront après nous", rappelle-t-il. Impressionné par la beauté des Alpes valaisannes, il invite chacun à voir ces paysages comme un héritage à protéger : "c’est un coin du paradis sur cette Terre des humains."
L’association NiceFuture
C’est l’association NiceFuture qui est à l’origine de cette venue en Valais. Active depuis 2003, cette structure œuvre pour la protection de la Terre et du vivant. D’abord centrée sur la Suisse, elle a organisé divers événements, dont le festival de la Terre à Lausanne, publié un guide d’adresses éthiques en Suisse romande ou encore lancé le forum G21. Il y a douze ans, l’association a élargi son horizon en se tournant vers les peuples premiers. "Un des leaders d’un peuple d’Amazonie est arrivé à ma porte et m’a demandé de l’aide", raconte Barbara Steudler, fondatrice de NiceFuture. Cette rencontre bouleverse la militante, qui découvre alors une réalité jusque-là inconnue : "je me suis dit, en fait, en face de lui, je ne connais rien."
Pour Barbara Steudler : "les amener ici, c’est aussi une manière de redonner de la vie, de l’énergie, de la joie, de la parole et de la conscience sur ces lieux."