La violoncelliste de Salvan Estelle Revaz à la tête de la faîtière des artistes suisses
La violoncelliste aujourd'hui établie à Genève va endosser cet automne une nouvelle casquette. La suite de son engagement pour une meilleure rémunération et une plus grande protection sociale des artistes en Suisse.

La musicienne, installée aujourd’hui à Genève, participe ce mercredi au concert d'ouverture du Verbier Festival, lors d'une soirée aux accents valaisans, avec notamment le pianiste Loris Mittaz, et l'ensemble vocal du Haut-Valais.
Déjà conseillère nationale, elle prendra en outre la présidence de Suisseculture, la faitière des artistes et professionnels des médias en Suisse, dès le 1er octobre dernier. Elle dit vouloir, par ce biais, continuer son travail pour améliorer les conditions salariales et la protection sociale des artistes.
La pandémie de coronavirus a en effet mis en lumière la précarité qui règne dans ce domaine, avec un salaire médian à 40'000 francs par an. "Quand on rapporte à l'heure un cachet que l'on considère comme correct sur le marché du travail culturel, on en arrive parfois à douze centimes de l'heure", explique la musicienne. "Et en termes d'assurances sociales, la Suisse est le seul pays d'Europe qui n'a de système de protection sociale adapté aux réalités des acteurs culturels", déplore-t-elle encore.
Trouver des majorités à Berne
Certains cantons ont pris conscience du problème. Les cantons latins ont édicté l'an dernier une stratégie commune pour améliorer la rémunération et la prévoyance professionnels des acteurs culturels. Le canton du Valais a inscrit cet élément dans sa loi sur la promotion de la culture qui est actuellement en consultation.
Un pas dans la bonne direction, selon Estelle Revaz. Mais "au bout d'un moment, il faut des avancées concrètes. Et les avancées concrètes, c'est des changements de loi qu'on les trouve", assène-t-elle.
Une 3e voie, entre être salarié et indépendant
La Suisse n'est pas prête à adopter un statut comme celui d'intermittent du spectacle par exemple. L'introduction d'un salaire minimum pour les acteurs culturels ne semble par non plus à l'ordre du jour. Parmi les solutions concrètes, la violoncelliste évoque l'autorisation du portage salarial, un système qui permettrait aux artistes de bénéficier de certaines prestations sociales, tout en conservant une grande autonomie dans le choix de leurs mandats professionnels.
De manière générale, les Suisses consomment volontiers des offres culturelles. Mais le public "ne voit souvent que les paillettes, jamais l'effort et les difficultés". "Il faut continuer à faire rêver les gens tout en arrivant à rendre visible cette réalité sans casser la magie", souligne la musicienne.