Inquiétudes autour des programmes de dépistage du cancer du sein et du cancer du côlon
Les milieux de la prévention craignent que le nouveau système Tardoc, qui entrera en vigueur l'an prochain, ne mette en danger les programmes de dépistage, comme ceux qui existent en Valais.

La nouvelle structure tarifaire pour les soins ambulatoires – établie entre les assureurs et les fournisseurs de prestations - prévoit en effet une baisse de la rémunération des radiologues, notamment pour des actes comme les mammographies. Certains de ces praticiens ont donc d'ores et déjà annoncé qu'ils ne participeraient plus aux programmes cantonaux de dépistage du cancer du sein.
Or, pour les radiologues, "la seule méthode fiable pour dépister le cancer du sein à un stade précoce" est la mammographie. La société suisse de radiologie l'a dit en fin de semaine dernière dans un communiqué. Une étude réalisée en Suède montrerait même que des contrôles réguliers permettent de "réduire la mortalité liée au cancer du sein de 50%.
Le Valais est bon élève en matière de dépistage du cancer du sein, puisqu'il dispose d'un programme en la matière depuis 1999. Chaque année, ce sont 15'000 femmes qui se font ainsi ausculter, afin de détecter des tumeurs.
Mortalité en baisse avec le dépistage
"On a remarqué en Suisse, qu'il y a une mortalité un peu plus basse dans les cantons qui ont des programmes de dépistage", note Jean-Bernard Moix, le directeur de Promotion Santé Valais. Il est aussi vice-président de Swiss Cancer Screening, la faitière des programmes de dépistage sur le plan national.
Les cancers sont aussi découverts plus rapidement, ce qui permet d'avoir des traitements plus légers, note-t-il aussi. "D'un point de vue de santé publique, les programmes de dépistage ont une très grande importance".
L'interview de Jean-Bernard Moix:
Premières discussions encourageantes
Car le cancer du sein reste la première cause de mortalité chez les femmes en Suisse. Une sur huit en développera un durant sa vie. Entre 2017 et 2021, 286 cas ont été diagnostiqués tous les ans en Valais, contre 147 entre 1992 et 1996. Dans le même temps, la mortalité est restée stable : 53 décès entre 2017 et 2021 en moyenne, contre 48 entre 1992 et 1996, selon des chiffres de l'Observatoire valaisan de la santé.
Les responsables des programmes de prévention espèrent donc que les assureurs vont revenir à de meilleurs sentiments. "Les premiers signes des assureurs montrent qu'ils ont conscience de l'importance des dépistages et qu'ils ne veulent pas mettre à mal les programmes", remarque Jean-Bernard Moix.
L'incertitude face à l'avenir est toutefois négative puisque certains cantons qui voulaient lancer des programmes de dépistage cette année y ont renoncé pour l'instant.
A noter qu'outre le Valais, tous les cantons romands ont déjà mis en place des programmes de dépistage pour le cancer du sein ou le cancer du côlon. C'est aussi le cas de certains cantons alémaniques. Mais plusieurs régions de Suisse centrale, ainsi que Zurich et Zoug ne s'y sont toujours pas mis.