Fully: des passionnés veulent sauver une oeuvre monumentale de 33 mètres de long
A Fully, l'existence d'une peinture murale de 33 mètres de long est en jeu. Des passionnés, soutenus par des experts en histoire de l'art, espèrent réunir la somme nécessaire pour sauver cette œuvre rarissime dans nos régions.
Le travail viticole évoqué sur 33 mètres de long à Fully. Cette œuvre monumentale de Pierre Faval a été peinte sur la façade des Caves Henri Carron en 1941. Des fresques rarissimes dans nos régions, qui risquent de disparaître avec la démolition du bâtiment, prévue en novembre.
Déjà 60'000 francs récoltés
Le temps est donc compté pour les quelques passionnés qui veulent sauver ces fresques. Ils sont soutenus dans leur démarche par Gaëtan Cassina, professeur d’histoire de l’art à l’Université de Lausanne, qui les a expertisées. Selon lui, les fresques méritent d’être sauvées et réhabilitées. Mais cela a un coût. «C'est le noeud de toute chose», reconnaît Alain Léger, membre de l’Association pour la sauvegarde des fresques des Caves Henri Carron.
«Chaque franc donné, c'est un centimètre de sauvé.» Alain Léger, membre de l’Association pour la sauvegarde des fresques des Caves Henri Carron
«Nous avons déjà des fonds qui entrent, grâce à la Fondation Gianadda et aux trois enfants de Pierre Faval. Mais aussi des habitants de Fully. Ils voient que les travaux ont commencé et ils y adhèrent en donnant même un petit montant. Et chaque franc donné, c'est un centimètre de gagné», ajoute Alain Léger. «C'est enthousiasmant, car certaines personnes étaient dubitatives face à ce projet, et là on voit que c'est possible.»
Pour sauver les fresques de Pierre Faval, l'association a besoin de 160'000 francs. «Nous avons déjà récolté plus d'un tiers de ce montant», se réjouit Alain Léger. «On a débuté ce projet durant l'été, période de vacances, avec aussi le Covid. Et là, on sent que les gens ont besoin de se fédérer autour d'un projet positif. Ils répondent présents.»
Détacher la fresque du mur
Les travaux de sauvegarde des fresques ont déjà commencé. Il s’agit maintenant de choisir la bonne méthode pour les détacher de la façade, à près de 5 mètres de hauteur. Sur l’échafaudage, Sébastien Grau, conservateur restaurateur du patrimoine. «Il existe trois méthodes de détachement des peintures murales. Une première méthode, où on prend toute la structure du mur, avec la peinture. Mais ce n'est pas réalisable dans le cas de Fully, donc c'est déjà une méthode qu'on écarte. Ensuite la méthode du stacco, où on prend la couche picturale, et une ou deux couches d'enduit et de mortier. Dans ce cas-ci, on retire trois à quatre centimètres de mur», explique le spécialiste.
«Les tests viennent de débuter, afin de choisir la bonne méthode pour détacher les fresques de la façade.» Sébastien Grau, conservateur restaurateur du patrimoine
«Enfin, la dernière méthode, dite du strappo, qui est beaucoup plus fine. Dans ce cas, on ne prend qu'un ou deux millimètres, qui correspondent à la couche picturale.»
Les tests viennent de débuter sur la façade des Caves Henri Carron. «Nous sommes en train d'évaluer la situation, et d'ici la fin de semaine prochaine, nous saurons quelle méthode nous allons utiliser.»
Quelle que soit la méthode retenue, une fois les fresques retirées de la façade des Caves Henri Carron, elles seront déposées sur un support stable. Le projet prévoit ensuite de les réinstaller sur un autre bâtiment de la commune, qui leur servira de nouvel écrin.