Fin en queue de poisson pour Appel citoyen qui va se dissoudre d'ici fin 2025
Appel citoyen va se dissoudre d'ici la fin de l'année. Une dissolution qui marque la fin d'un mouvement qui voulait faire de la politique différemment lors de la révision de la Constitution. L'échec du texte laisse un goût amer à ses membres.

Appel citoyen s'apprête à tirer la prise. Le mouvement va se dissoudre d'ici la fin de l'année, a appris Rhône FM. Créée en 2017 pour soutenir l'initiative en faveur d'une révision totale de la Constitution cantonale par une assemblée constituante, l'association a connu des débuts glorieux. Lors de l'élection des membres de la Constituante en 2018, Appel citoyen a raflé 16 sièges.
La suite est une longue descente aux enfers. Ses propositions ont rarement été soutenues en plénum, le texte final a été rejeté par le peuple il y a tout juste un an, le 3 mars 2024. Pour couronner le tout, le recours déposé par l'une de ses membres – Cilette Cretton – sur l'irrégularité des bulletins de vote a été rejeté par le Tribunal fédéral. "La fin est abrupte pour nous", reconnaît Emilie Dupuis, présidente de l'association Appel citoyen. "Ce dont on se souvient avec le recul, c'est l'expérience politique du mouvement", appuie-t-elle. "L'acceptation du texte aurait été la cerise sur le gâteau", avoue Emilie Dupuis.
Malgré le désaveu et les déconvenues, Appel citoyen tire un bilan positif de son existence. Le mouvement est parvenu à remplir ses deux objectifs initiaux, à savoir faire de la politique différemment, hors des grands partis et intégrer les citoyens tout au long des travaux de la Constituante. "On a vraiment essayé de faire des cafés, des assemblées de discussion pour avoir un maximum d'idées citoyennes", cite Emilie Dupuis.
Comment expliquer la déroute ?
Appel citoyen est passé de l'euphorie des élections à la défaite lors du vote final sur le texte. "Appel citoyen, c'était 15% des votes. On ne peut pas imputer le refus du texte seulement à Appel citoyen", se défend Emilie Dupuis. Et l'actuelle députée socialiste de citer le contexte politique qui a évolué entre l'élection des membres de la Constituante et le vote final. "Le contexte économique a beaucoup changé, les gens ont eu d'autres préoccupations qu'ils n'avaient pas auparavant. Le Covid est aussi passé par là", explique-t-elle. "C'est toujours plus facile de vendre une manière de faire de la politique qu'un texte où chacun peut trouver quelque chose qui lui déplaît", résume la Chablaisienne.
Autre explication à cette déconvenue : la fameuse variante sur le droit de vote et d'éligibilité des étrangers sur le plan communal. "Beaucoup de personnes se sont perdues avec cette variante", appuie Emilie Dupuis. Le projet de nouvelle Constitution a été refusé par le peuple à 68% avec la variante et à 57% sans la variante. "Le flou reste. Est-ce que la population voulait vraiment garder la Constitution de 1907?", se questionne la présidente de l'association Appel citoyen.
Appel citoyen, un parti socialiste bis ?
Au fur et à mesure de l'avancée des travaux de la Constituante, Appel citoyen a été étiqueté à gauche de l'échiquier politique. "Appel citoyen était un mouvement progressiste parce qu'on voulait tout simplement réécrire la Constitution de 1907", explique Emilie Dupuis. "C'est sûr que certaines idées convenaient mieux au Parti socialiste qu'à l'UDC", reconnaît-elle. La Bas-Valaisanne précise : "mais, nos élus ont travaillé avec tous les partis politiques. Donc non, Appel citoyen n'était pas un parti de gauche." Et Emilie Dupuis de citer quelques noms d'élus qui provenaient d'autres familles politiques ou qui ont désormais rejoint des partis de droite. "Une candidate à la primaire d'Appel citoyen est même passée à l'UDC", indique Emilie Dupuis.
La dissolution d'Appel citoyen doit avoir lieu d'ici fin 2025. Le mouvement n'a pas vocation à perdurer pour de prochaines échéances électorales. "Appel citoyen a été créé pour la révision de la Constitution et va se dissoudre avec la Constituante", souligne Emile Dupuis. "L'idée de base était de créer un mouvement pour cet exercice particulier", poursuit-elle.
Sur Rhône FM, le Rassemblement Citoyen Valais (RCV) avait récemment appelé les mouvements indépendants à se réunir pour offrir une alternative aux partis politiques traditionnels. "Un mouvement peut avoir sa place en politique, mais ça ne sera pas Appel citoyen", conclut Emilie Dupuis.