Face à face valaisan autour d'un texte qui veut retirer les armes en cas de séparation conflictuelle
Un groupe de conseillers nationaux a déposé une initiative parlementaire en ce sens. Mais les amateurs d'armes sont vent debout contre cette mesure.

26 homicides dans le cercle familial l'an dernier en Suisse, dont quatre en Valais, ainsi qu'une cinquantaine de tentatives : les chiffres de la violence conjugale sont accablants. Entre 2011 et 2020, une étude du Bureau fédéral de l'égalité et de la famille a dénombré 255 homicides de ce type. 31% d'entre eux ont été commis par des armes à feu.
"Le passage à l'acte est fortement facilité par la présence immédiate de l'arme dans le foyer. L'auteur potentiel n'a pas besoin de planifier l'acte ou d'obtenir une arme dans l'urgence : il agit sous l'effet de la crise, avec une arme déjà accessible", indiquent des conseillers nationaux dans une initiative parlementaire déposée la semaine dernière.
Se basant sur ce constat, ils demandent que les armes puissent être retirées des foyers vivant une séparation conflictuelle ou dans les cas où des violences sont avérées. "Quand il y a une étude qui montre qu'il y a la possibilité d'agir pour diminuer le nombre de féminicides par armes à feu, je pense qu'il y a une nécessité d'agir", explique le conseiller national socialiste valaisan Emmanuel Amoos, l'un des deux cosignataires valaisans de ce texte.
Il y voit du "simple bon sens". "On n'aurait pas de limitation de longue durée, il s'agirait de mesures ciblées, préventives pour permettre de diminuer le nombre d'homicides sur les femmes", explique-t-il.
L'interview d'Emmanuel Amoos:
Pour le conseiller national UDC de Savièse Jean-Luc Addor, cette initiative parlementaire est "excessive" et "abusive". Il préside Pro Tell, une association qui milite pour un "droit libéral sur les armes".
Il regrette que ce texte "criminalise à priori" tous les possesseurs d'armes "pour quelques cas particuliers". La police a déjà tous les outils à disposition pour agir, renchérit l'avocat qui le rappelle : "même si la Suisse a beaucoup d'armes en circulation, c'est paradoxalement l'un des pays où il y a le moins d'usage abusif d'armes".
Jean-Luc Addor
L'initiative parlementaire portée par Jessica Jaccoud et ses cosignataires a été déposée la semaine dernière. Elle va désormais être soumise à la commission ad hoc du Conseil national.
A noter que la Norvège a déjà une mesure qui permet la sécurisation des armes militaires dans les foyers à risques. Cela a permis de "réduire significativement les homicides domestiques par arme à feu", selon l'intervention.