Encore méconnus, les états-majors de conduite jouent un rôle clé lors de catastrophes
Ils sont sur le front lors des catastrophes comme à Blatten ou à Lourtier. Les états-majors de conduite n'ont jamais été autant mobilisés en Valais. Mais quel est leur travail ? Qui sont-ils ? Quelles sont leur responsabilité ? Explications.

Ils sont soudain le visage d'une catastrophe. Les états-majors de conduite sont sur le front lors de crises majeures en Valais. À Blatten, à Lourtier ou l'été 2024 dans la plaine du Rhône avec les intempéries, ils sont chargés de la planification des risques, de la gestion de crise, des alarmes, de la protection de la population ou encore du sauvetage. Leur rôle est crucial. "Pour les autorités communales, ces organes de gestion de crises sont de véritables couteaux suisses, aptes à appréhender toutes les situations, appuyant ainsi les autorités dans leurs responsabilités face à leur population", cadre Marie-Claude Noth-Ecoeur, cheffe du Service de la sécurité civile et militaire.
En 2011, l’État du Valais révise sa législation en la matière et se dote d'une loi sur la protection de la population et la gestion des situations particulières et extraordinaires. Elle entre en vigueur en 2013. Principal changement : la création d'état-major de conduite dans les communes. Les municipalités sont libres de créer leur propre organe ou de se regrouper avec d'autres municipalités limitrophes. "Qui de mieux qu'un état-major communal, de gens qui habitent la commune, qui connaissent le territoire, qui connaissent le risque pour prendre des décisions en cas de crises", appuie Marie-Claude Noth-Ecoeur. D'autres cantons connaissent différents systèmes, avec une gestion unique et cantonale des crises. "De par la topographie de notre canton, il est primordial de pouvoir se baser sur des structures de conduite décentralisées", ajoute encore la cheffe de service.
Des miliciens à la responsabilité importante
Le canton fixe le cadre dans sa législation, notamment sur les postes obligatoires, mais laisse une grande marge de manœuvre aux états-majors de conduite pour leur organisation. Ainsi, les organes de gestion de crise doivent disposer de plusieurs cellules. Des dangers naturels à la logistique, en passant par la santé publique, l'assistance, l'information ou encore la chancellerie et la sécurité, les domaines sont vastes et assurés par des miliciens. Une douzaine de cellules obligatoires au total. "Il y a des postes clés", reconnaît Marie-Claude Noth-Ecoeur. "Un chef d'état-major, par exemple, ne doit pas avoir peur de prendre des décisions", insiste-t-elle. "On a des compétences métiers autour de la table", poursuit la Montheysanne.
Le canton assure, lui, la formation des membres des états-majors, organise des exercices et accompagne les communes dans la mise en place de ces corps de crise. Il intervient aussi lors des catastrophes en soutien aux organes communaux ou régionaux de conduite. En été 2024, près de 60 communes valaisannes ont été touchées par les intempéries. Avec des demandes d'aide adressées par les états-majors à l'Organe cantonal de conduite (OCC). "On priorise et on fait en sorte d'amener l'aide là où il y a le plus besoin", explique Marie-Claude Noth-Ecoeur, également cheffe de l'OCC. Le canton peut aussi engager des moyens supplémentaires de la protection civile ou déposer une demande d'aide auprès de l'armée.
Pour la catastrophe de Blaten, de nombreux cantons ont offert leur service à l’État du Valais, notamment l'envoi d'astreints à la protection civile. "On prend note de cet aide. Et en fonction de travaux qu'il y aura à Blatten, ce n'est pas impossible qu'on fasse appel à ces cantons", indique Marie-Claude Noth-Ecoeur.
Sur le front, durant une crise, les états-majors sont amenés à prendre des décisions lourdes de conséquences. Leur responsabilité est engagée. "A Blatten, l'état-major du Lötschental a dû prendre des décisions difficiles. Quand vous devez évacuer une population entière, les conséquences sont réelles", souligne Marie-Claude Noth-Ecoeur. "Les décisions étaient très bonnes", tient à dire la Bas-Valaisanne.