Données personnelles : votre voiture vous espionne
Les véhicules connectés seraient le pire produit pour la protection des données. Une étude révèle que toutes les grandes marques collecteraient davantage de données personnelles que nécessaire. Et parfois même des données intimes.

C’est une étude publiée début septembre, qui affirme que les voitures connectées ne respecteraient pas la vie privée. La Fondation Mozilla a examiné les technologies qui équipent les voitures modernes connectées. Elle a aussi passé sous la loupe les politiques de confidentialité de 25 constructeurs automobiles, parmi les plus populaires.
Données intimes récoltées
Et le constat est alarmant : la très grande majorité d'entre eux enfreignent les règles les plus fondamentales de la vie privée. Selon cette étude, les voitures connectées rassembleraient des informations personnelles et sensibles, comme des informations médicales, la musique écoutée en streaming, jusqu’à la vie sexuelle ou le revenu.
La nouvelle loi sur la protection des données, entrée en vigueur le 1er septembre dernier, prévoit pourtant que les données puissent être collectées uniquement pour des besoins bien définis pour la personne concernée. « Concernant les données sensibles, notamment la santé ou l'orientation sexuelle comme l'avance l'étude, il faut un consentement exprès de la part des acquéreurs de ces véhicules », rappelle Loris Loat, préposé cantonal à la protection des données et à la transparence.
Dans les faits, Loris Loat doute que le consentement des acheteurs soit un consentement éclairé. « J'ai l'impression que les constructeurs mettent ce genre d'informations, pour autant qu'elles soient claires, au milieu de leurs conditions générales. Et, du coup, les acquéreurs ne se rendent pas forcément compte que ces capteurs peuvent servir au traitement de données qui ne sont pas du tout en lien avec la conduite d'un véhicule. »
Comment protéger nos données ?
Pour Loris Loat les constructeurs joueraient avec la loi : selon lui, le citoyen n’a que peu de chance d’obtenir gain de cause face à ces sociétés.
Rodolphe Koller est rédacteur en chef de l’ICT Journal, un média romand dédié aux nouvelles technologies.
Nous lui avons demandé, quelle était la marge de manœuvre des automobilistes ? « Une chose que l'on peut faire au moment d'acheter une voiture, c'est de challenger le concessionnaire en disant "est-ce que je suis vraiment obligé d'accepter ces conditions". Ce qui, d'une certaine manière, fait que le problème n'est plus seulement le problème de l'acheteur, mais devient aussi un peu celui de l'intermédiaire et de l'agence. »
Et dans la pratique, Rodolphe Koller recommande aux automobilistes de faire preuve de sobriété numérique. « Il s'agit ici de renoncer peut-être à certaines fonctionnalités, au lieu de tout activer absolument. Mais plutôt de prendre du recul et se demander si on en a vraiment besoin. En gardant en tête que toute fonctionnalité activée a son revers de la médaille : les données sont alors susceptibles d'être collectées. »Selon Charles-Albert Hediger, président de la section valaisanne de l’Union des professionnels suisses de l’automobile (UPSA), seuls 0,5% des clients seraient réticents à partager leurs données avec les fabricants. « Dans ce cas, ils choisissent de ne pas connecter leur véhicule avec tous les systèmes proposés. Par exemple, ne pas télécharger l'application sur son smartphone pour piloter sa voiture à distance. »
Les auteurs de l’étude Mozilla comptent sur une prise de conscience du public sur ce sujet. Ils ont lancé une pétition pour pluS de respect de la vie privée de la part les constructeurs automobiles.