Des ruches connectées pour l'étude de la biodiversité installées en Entremont et dans le Val d'Aoste
Étudier la biodiversité grâce à des ruches connectées et des ruches sentinelles. L'objectif du projet mis sur pied entre la région de l'Entremont et le Val d'Aoste en Italie. Explications.
Étudier l'état de santé de la biodiversité grâce à des ruches connectées et à des ruches sentinelles : voilà le but du projet mis sur pied entre la région de l'Entremont et le Val d'Aoste. Intitulé "Api-Alpes", ce projet est soutenu par le programme de coopération interreg de l'Union européenne. Il a été présenté ce vendredi lors d'une conférence de presse en ligne.
À l'origine, le projet part d'un constat : différents facteurs menacent les abeilles. L’intensification de l’agriculture, les parasites, la perte des habitats, mais aussi potentiellement, le changement climatique en sont les plus connus. Pourtant, les insectes pollinisateurs jouent un rôle crucial pour la biodiversité ainsi que dans la production de nombreux fruits, légumes et dans celle de fourrage de qualité, estiment les partenaires du projet.
Base de données et bonnes pratiques
Le projet vise justement à remédier à cette situation tendue, en proposant notamment une base de données transfrontalière. Les ruches connectées, installées à différents endroits en Entremont ou dans le Val d'Aoste – à l'instar des ruches sentinelles dont elles font partie –, permettent la surveillance interne du système, donnent des indications sur le poids de la ruche et informent aussi de la température ainsi que des rentrées et des sorties du rucher.

Autant d'informations qui figureront dans la base de données qui doit, en outre, intégrer les différentes études et toutes les informations pertinentes concernant les abeilles et la biodiversité connectée. "Il s'agit par exemple de mieux connaître les ressources alpines ou de mieux savoir comment nos montagnes fleurissent", précise Jean-Baptiste Moulin, coordinateur du Centre de compétence en apiculture de Sembrancher, présent lors de la conférence de presse en ligne. "Mais aussi mieux comprendre comment se protéger du varroa, de mieux comprendre les actions qui peuvent être entreprises sur des invasifs comme le frelon asiatique", explique ce dernier.
Le projet doit aussi mettre en œuvre les bonnes pratiques sur le territoire transfrontalier. Et ce, par l’expérimentation de méthodes innovantes et par la collecte de données et d’analyses de l’espèce et du contexte naturel dans lequel elle vit. Enfin, troisième objectif, informer le grand public et les professionnels sur les bonnes pratiques permettant de préserver cette biodiversité.
"30 mois pour tout mettre en place"
Ce projet interreg a été déposé en 2024 par la Commune de Châtillon, dans le Val d’Aoste, qui a invité le Valais à la rejoindre dans cette aventure transfrontalière. Il a ensuite été validé en décembre de l'année dernière, avant de commencer son déploiement en janvier.
"Le grand défi de ce projet, c'est le laps de temps extrêmement court que nous avons pour le réaliser. Nous avons exactement 30 mois pour tout mettre en place", souligne Jean-Baptiste Moulin. Et d'ajouter : "pour moi, l'objectif principal, c'est qu'on réussisse à avancer, à imaginer une façon de travailler davantage ensemble et de créer ce lien étroit avec nos voisins, parce qu'on a les mêmes soucis, les mêmes problèmes".
De son côté, Riccardo Orusa, coordinateur pour le projet au sein de l'Institut prophylactique expérimental abonde dans ce sens. "La montagne, c'est le premier laboratoire de l'environnement", affirme-t-il de fait.
Au total, pour la réalisation du projet, un montant de 1,5 million a été attribué pour l’Italie, et 180’000 francs pour la Suisse. Il reste que selon Jean-Baptiste Moulin, pour s'assurer de mener à bien le projet, le double est nécessaire.