Depuis dix ans, la politique agricole fédérale profite aussi à l’entretien des alpages
A un mois et demi de la votation fédérale sur la biodiversité, le canton du Valais a tiré ce mardi le bilan de la politique agricole fédérale 2014-2017. Un programme qui a vu l’introduction de nouveaux soutiens financiers pour les alpages.

La politique agricole fédérale profite aussi à l’entretien des alpages. Le canton du Valais a tiré ce mardi sur l’alpage de Serin, à Ayent, le bilan de la politique fédérale agricole 2014-2017 (PA14-17), entrée en vigueur il y a dix ans. "On voulait mettre en évidence que les exploitants d’alpages font des prestations pour la société, et pas seulement pour leur bétail", justifie Brigitte Decrausaz, cheffe de l’Office des paiements directs, au Service de l’agriculture.
À l’époque, le PA14-17 introduisait de nouvelles catégories de paiements directs, particulièrement sur les alpages. Si les surfaces agricoles de promotion de la biodiversité avec une qualité floristique ou structurelle particulière bénéficiaient déjà des paiements directs, ce n’était pas le cas des alpages. Avec l’introduction de la nouvelle politique agricole, les régions d’estivage ont ainsi pu bénéficier d’un soutien financier lorsque la flore de leurs alpages présentait une haute valeur floristique.
Après un passage au peigne fin des alpages valaisans par des biologistes, il est ressorti que 30% des alpages du canton remplissaient des critères de qualité. "On a fait des relevés botaniques qui permettent de dire dans tel coin de l’alpage, c’est riche en biodiversité et dans d’autres moins", détaille Brigitte Decrausaz. Le soutien financier permet d’assurer un maintien et une promotion de la biodiversité sur les estivages. Ces contributions représentent chaque année 9 millions de francs, dont quatre millions pour les alpages.
La qualité des paysages aussi récompensée
Autre grande nouveauté de cette politique agricole : l’introduction des projets de qualité des paysages. Ils visent à préserver, encourager et développer la diversité des paysages cultivés. Les subventions permettent de soutenir une trentaine de mesures différentes, comme l’entretien d’arbres remarquables, la pose de bassins ou de barrières, le maintien des cultures en montagne ou encore l’encouragement de la fauche dans les zones de montagne éloignées.
Un accent fort est aussi mis sur les pâturages boisés. 35 sites en Valais, étalés sur 450 hectares, ont pu être restaurés grâce à l’intervention du Service de la forêt, de la nature et du paysage et le travail au quotidien des exploitants d’alpage. Exemple sur l’alpage de Serin, où un tiers de l’exploitation est considéré comme un pâturage boisé. "Si on n'intervient pas, les pâturages deviennent forêt", explique Stéphane Cotter, président du consortage de l’alpage de Serin. "La qualité de l’herbage dans un pâturage boisé n’a plus grande valeur", ajoute l’Ayentôt. "Sans ces interventions, on doit diminuer le cheptel et la production laitière", insiste-t-il. Il y a cinquante ans, l’alpage de Serin pouvait accueillir 140 bêtes. Il compte aujourd’hui plus que 120 têtes. "Et certaines années, on a de la peine à rester sur place les 90 jours", raconte Stéphane Cotter.
L’entretien pour la qualité du paysage dispose d’un budget de 7,5 millions de francs, dont un million pour les exploitations d’estivage.
Ce type de contributions va se poursuivre à l’avenir, a récemment décidé le parlement fédéral, avec quelques adaptations en 2028, mais sans modifier les objectifs de biodiversité et du paysage.