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De passage en Valais, Sylvain Tesson se confie dans un entretien exclusif à Rhône FM

L’appel au boycott aura produit l’effet inverse. L’auteur français Sylvain Tesson a quitté la Suisse vendredi, au terme d’une tournée prolifique. Conférence à guichets fermés, standing ovation, queues à rallonge dans les librairies. Entretien exclusif lors de son passage en Valais.

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Oriane Binggeli
Oriane Binggeli
07 févr. 2024, 06:30
/ Màj. le 07 févr. 2024 à 21:14
Sylvain Tesson a enchaîné les signatures durant plus de 3 heures mercredi 31 janvier à Sion, à la librairie "La Liseuse".
Sylvain Tesson a enchaîné les signatures durant plus de 3 heures mercredi 31 janvier à Sion, à la librairie "La Liseuse". © Anais Sierro

Il était appelé au boycott. Il est reparti après avoir drainé les foules. Sylvain Tesson, écrivain français et auteur d’une trentaine d’ouvrages de voyage autour du monde, était en tournée en Suisse romande la semaine dernière. Il venait y présenter son dernier livre « Avec les fées » - le récit de son aventure entre terre et mer sur l’arc celtique, de la Galice aux iles Sheltand. 

Une tournée qui aurait pu être assombrie par la polémique dont il est le centre depuis quelques semaines en France. Début janvier, des milliers de pétitionnaires ont élevé leur voix contre la nomination de l’artiste en tant que parrain du Printemps de la poésie, taxant l’auteur « d’icône réactionnaire » et de figure de proue d'une « l’extrême droite littéraire », qu’il était dangereux de promouvoir.  

Des vagues jusqu’en Valais

La controverse s’est invitée jusqu’en Valais : les Jeunes Socialistes (JSVR) ont appelé au boycott de sa séance de dédicaces mercredi dernier. 

On l'a vu à la foule de lecteurs s'éternisant devant l'échoppe, la manœuvre aura fait plus qu’un flop, boostant même l’affluence dans la libraire sédunoise. Rhône FM a pu s’entretenir avec Sylvain Tesson, au terme de sa journée en terres valaisannes. 

« L’exercice a été totalement contreproductif », reconnait-il. « Parmi les lecteurs, outrés par cette tentative de bâillonnement, il y en avait plusieurs qui n’avaient jamais lu mes livres, et qui remerciaient même les auteurs de cette cabale de leur avoir indiqué mon existence. »

Au-delà du Valais, Sylvain Tesson quitte la Suisse au terme d’une tournée prolifique. Conférence à guichets fermés devant 1200 spectateurs à Lausanne. Standing ovation. Séance de signatures à rallonge… « Preuve que l’esprit de fermeture peut aussi ouvrir des portes », confie l’écrivain. 

"C'est une disproportion totale"

Reste que dans la presse et sur la toile, articles, vidéos et éditos s'accumulent encore, rivalisant par leur nombre avec ceux qui s’intéressent à son livre, chacun y allant de son opinion. 

Si la librairie « La liseuse » a fait le pari de ne pas se laisser intimider — malgré la réception d'une lettre anonyme au passage — d’autres ont cédé à la pression hors canton, préférant renoncer à la présence de l'écrivain. 

Au centre, Sylvain Tesson fait le choix de l’ignorance, voire de l’ironie, mais en filigranes, il est le premier à le dire : il ne s’attendait pas une telle ampleur. « C’est une disproportion totale, mais révélatrice d’un phénomène plus vaste, liée à cette facilité de créer des anathèmes sur les réseaux sociaux », analyse-t-il. « Ensuite, c'est comme un virus qui se répand. »

Une étiquette qui ferme le débat

Voilà pour la forme. Mais qu'en est-il du fond de ces accusations dont il est la cible ? 

Sylvain Tesson reconnait volontiers sa pensée traditionnelle et conservatrice — ou, pour utiliser ses termes, « plus amoureuse des choses du passé plutôt qu'extasiée devant les promesses de l'avenir et la modernité ». Mais il répugne le terme « extrême droite » employé par ses détracteurs. « Toute ma vie, j'ai tenté de bâtir une existence autour du départ, de la rencontre avec l'autre, de l'amour de tout ce qui n'était pas moi-même et de la liberté absolue », se défend-il. « Alors, on peut utiliser beaucoup de termes pour me décrire en ouvrant la discussion, sans me frapper du sceau d'une infamie qui m'enlève toute possibilité de débat. » 

Rançon du succès ?

Hasard du calendrier ou non, le début de cette polémique coïncide avec l’accession de son livre au premier rang des ventes en France. 

Si l’auteur se garde bien de tisser des liens directs, il concède qu'on peut y déceler une concomitance. « Quand mes livres se vendaient à quelques centaines ou milliers d'exemplaires, comme ce fut longtemps le cas au début de ma vie d'écrivain, je n'avais pas d'ennemi. »

"Avec les fées", ou "La quête du merveilleux en terres celtiques"

Venons-en à son travail d'écrivain. Puisque c'est pour faire la promotion de son dernier ouvrage « Avec les fées » que Sylvain Tesson était attendu en Suisse. 

Après avoir arpenté la Mongolie, la Sibérie, le Moyen-Orient en passant par les Alpes, l'aventurier prend cette fois la direction de l'ouest pour se plonger dans un périple entre terre et mer, le long des côtes de l'arc celtique. 

Durant trois mois, il a cheminé, de falaise en falaise, de la Galice jusqu'aux iles Shetland à la recherche de ce qu'il appelle les « fées ». Non pas les fées comme on les imagine dans les livres pour enfant. Mais les fées comme un surgissement du merveilleux, en fonction de la disposition de son regard sur le paysage, et sans besoin de personnification du phénomène. 

« Si l'exercice peut se faire partout, ce ruban littoral est parfaitement propice à une telle quête », expose Sylvain Tesson, « puisqu'en plus de la rencontre entre la mer violente, les récifs sombres et la lumière diffuse, ce paysage est fécondé par une Histoire très ancienne, construite par les légendes et les mythes arthuriens. »

Son récit se déroule donc à cheval entre sa quête du féérique, ses réflexions sur l'héritage de ces mythes sur les terres et ses moments très concrets et techniques de navigation. « C'est ce que j'aime dans un voyage », confie Sylvain Tesson dans un sourire. « Quand l'âpreté de la marche, de l'exercice physique, se mêle à la réflexion. »

Alors, les a-t-il trouvées, ces fées, lors de son voyage ? L'auteur nous dit que oui, « sans pour autant pouvoir le prouver, si ce n'est par la sincérité de ma plume. »

Interview complète à écouter ci-dessous

OB
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