C'est la fin des gifles et des fessées dans l'éducation des enfants
Les châtiments corporels, la violence psychologique et les humiliations ne pourront plus être des moyens d’éducation. Le Conseil des Etats a validé ce principe mercredi dernier à Berne. Un signal clair donné aux parents, qui devront adopter d’autres méthodes éducatives.

Après le Conseil national l’année passée, le Conseil des Etats a validé ce principe mercredi dernier, par 27 voix contre 8, et 3 abstentions.
La Suisse mauvaise élève
L’éducation sans violence figurera désormais dans le code civil. En la matière, la Suisse fait office de mauvais élève : elle est un des derniers pays européens à le faire, bien qu’elle soit signataire depuis 1997 de la Convention sur les droits de l’enfant.
La décision de la semaine dernière est donc un grand pas en avant pour Philip Jaffé, vice-président du Comité des droits de l’enfant à l’ONU. Il s’engage depuis plusieurs années pour sensibiliser les parlementaires à cette cause. «Je pense que la prochaine fois que la Suisse se présentera devant le Comité des droits de l'enfant à l'ONU, elle recevra des félicitations. Elle est le 67ème pays au monde à interdire les châtiments corporels.»
«Il suffit de voir dans les pays voisins : une telle loi est une évidence, elle sert à protéger les enfants.» Philip Jaffé, vice-président du Comité des droits de l'enfant à l'ONU
«Durant toutes ces années, une majorité de politiciens n'ont pas voulu toucher à cette sacro-sainte sphère privée parentale, même s'ils savaient très bien ce qui s'y déroulait pour beaucoup d'enfants. Eh bien, leur mentalité a évolué», reconnait encore Philip Jaffé.
Comment appliquer la loi?
Le gouvernement doit maintenant soumettre un projet législatif. Le texte précis reste encore à définir. «Il y aura toute une période de consultation pour formuler la loi. Il peut y avoir des petits pas en arrière, comme il peut y avoir une loi beaucoup plus progressiste que ce qui est envisagé actuellement», précise Philip Jaffé.
«Le but premier est avant tout symbolique: signaler aux parents qu'ils doivent faire autrement.» Philip Jaffé, vice-président du Comité des droits de l'enfant à l'ONU
Concrètement, comment faire appliquer cette loi, alors qu'on touche ici à la sacro-saint sphère privée ? Pour Philip Jaffé, «le but n'est pas de créer un système pour que les enfants puissent dénoncer leurs parents. Ce n'est pas du tout ça. L'objectif est que les enfants puissent en parler, et que les services sociaux disposent d'un cadre clair pour intervenir : on n'aura plus le droit de recourir à des châtiments corporels.»
Plus récemment, les droits d'aviser et les obligations de signaler ont encore été étendus, rappelle le gouvernement dans sa réponse à la motion. Une nouvelle réglementation risquerait d'attiser une peur de l'interventionnisme étatique. Pour le gouvernement, il est plus important de disposer d'un bon système d'aide à l'enfance et à la jeunesse, et d'accorder la priorité à la prévention.
Ces arguments n'ont toutefois pas pesé lourd, face à ceux du camp adverse.