Blatten enseveli : à J+1, le temps est encore à l'attente et les dangers ne sont pas écartés
Au lendemain de l’effondrement de masses glaciaires et de roches sur le village de Blatten, l’heure est à l’observation. Un lac se forme en amont, faisant craindre de nouveaux dangers. Les autorités valaisannes appellent à la prudence et envisagent déjà l’avenir d’une vallée profondément marquée.

Ce jeudi de l’Ascension, le soleil brille au-dessus du Lötschental. Mais l’ambiance est lourde. À Ferden et Kippel, les habitants sont nombreux à sortir, à observer, à tenter de comprendre. À quelques centaines de mètres, l’amas de gravats est visible. La zone sinistrée est strictement interdite d’accès, sous étroite surveillance policière.
Plus haut, un petit hameau offre une vue directe sur ce qu’il reste de Blatten. Une large cicatrice dans la montagne, d’où s’élevaient encore des nuées de poussière ce matin. Des grondements se faisaient entendre, entre hélicoptères et grondements de la montagne. Et surtout, un immense lac se forme. Coincé derrière les gravats, il continue de grossir, alimenté par la Lonza qui ne peut plus s’écouler.
L'heure est à l'observation
Sur le terrain, aucune opération de dégagement n’est possible. Les survols en hélicoptère sont pour l’heure la seule option. Deux conseillers d’État, Christophe Darbellay et Mathias Reynard, sont sur place ce jeudi.
" C’est une situation d’observation. Il n’y a pratiquement aucune marge de manœuvre. Même le cône de déjection est dangereux », a déclaré Christophe Darbellay. Présent à la conférence de presse de l’après-midi, il a confié son émotion. « C’est une vallée que j’aime beaucoup. J’étais encore à Blatten le 19 mars, à ski de randonnée. Imaginer ce lieu enseveli aujourd’hui, c’est impensable. "
Un village à reconstruire ?
Un agriculteur a tout perdu. Cinq à six exploitations agricoles principales ont disparu. Des hôtels, des entreprises aussi. Une personne est portée disparue. Le bilan humain et économique est lourd. " Pendant quelques secondes, je n’ai pas pu parler. J’étais aussi sous le choc que lui ", confie le conseiller d’État.
Interrogé sur l’avenir de Blatten, il reste lucide : " On ne pourra pas enlever 150 ou 200 mètres de gravats. Il faudra recréer un sol. Peut-être qu’un jour, il y aura un nouveau village. Mais peut-être pas au même endroit. Il faut y réfléchir, ensemble. "
Une vigilance de chaque instant
La priorité reste la sécurité. Le lac en formation représente une menace réelle. " Il y a aussi des poches d’eau et de glace qui peuvent encore créer des laves torrentielles. Les risques resteront présents pendant des mois. "
Rappelons que le Canton est en situation exceptionnelle. " Tous les services peuvent désormais engager des dépenses et prendre des mesures extraordinaires ", indique Christophe Darbellay. Concernant les bâtiments non assurés, il se veut rassurant : " La plupart des constructions sont tout de même couvertes, car les banques exigent une assurance. "