À Sion, le ciel se tend : Skyguide face aux défis climatiques
Chaleurs extrêmes, orages imprévisibles, vents violents… À Sion comme partout en Europe, la météo bouleverse le quotidien des contrôleurs aériens. Chez Skyguide, la vigilance est constante pour garantir la sécurité dans un espace aérien rendu plus complexe.

La tendance est claire : les orages ne sont plus cantonnés aux mois d’été. "On ne parle plus seulement des mois de juillet et août comme il y a quelques années, mais ça commence déjà au printemps et ça peut aller jusqu’à l’automne", constate Olivier Perrin, chef de la sécurité pour toute la Suisse chez Skyguide.
Une extension de la saison orageuse qui complique la tâche des aiguilleurs du ciel, surtout dans une région comme le Valais, où les montagnes à gauche et à droite et une pente d’approche de 6 degrés rendent l’atterrissage à Sion particulièrement technique. Yannick, contrôleur en poste en Valais, confirme : "les pilotes sont souvent plus stressés à l’approche de Sion. Cela demande une qualification particulière."
Réduire les vols avant la tempête
Lorsque le ciel se couvre, l’anticipation devient la règle. "On prend une approche très prudente en vue d'assurer la sécurité à tout moment", explique Olivier Perrin. Cela passe par une réduction des capacités : ralentir certains vols, en retarder d’autres ou les laisser au sol. En cas de crise, Sion peut compter sur des aéroports de délestage comme Genève, Milan ou Berne. "On garde toujours l’option de dérouter les avions si vraiment sur le Valais, ça ne peut pas poser", précise Yannick. Car voler au travers d’un orage n’est tout simplement pas envisageable. "Une cellule orageuse, c’est comme un mur. On ne peut pas y entrer", souligne-t-il, évoquant les courants ascendants violents et la grêle comme menaces majeures.
Des impacts locaux aux répercussions globales
Ce dérèglement météo ne concerne pas que la Suisse. "Ça se répercute sur toute l'Europe", affirme Olivier Perrin. En 2024, 36,2 % des retards en route sont liés à la météo, soit 22,4 millions de minutes, selon Eurocontrol. "On pense que cette proportion va même augmenter dans les années à venir."
Pour limiter ces effets, Skyguide collabore étroitement avec Météo Suisse afin "d’avoir toujours quelques coups d’avance". Et si le système aérien suisse est parfois mis à rude épreuve, sa sécurité, elle, reste intacte : "tout est sous contrôle, parce que c’est notre priorité."
Un cap que l’ensemble du secteur s’efforce de tenir, malgré les pressions. "Tout le monde dans le monde de l’aviation est conscient que la sécurité est la première priorité", conclut Olivier Perrin.