22 cas de traite des êtres humains recensés en Valais en 18 mois
201 victimes de traite des êtres humains identifiées en Suisse en 2024 : la Plateforme Traite - qui regroupe cinq organisations dans toute la Suisse – publie ce mercredi ses statistiques annuelles, à l'occasion de la journée internationale contre la traite des êtres humains.

En Valais, 13 victimes ont été accompagnées l'an dernier par l'AVIT, l'association valaisanne de soutien aux victimes et témoins de la traite des êtres humains, fondée il y a dix-huit mois sous l'impulsion du Conseil d'Etat valaisan. Pour 2025, neuf cas ont déjà été traités.
"Ce chiffre est plus élevé que le nombre de toutes les victimes identifiées dans le canton en dix ans, entre 2013 et 2023", explique le directeur de l'AVIT David Dandrès. Pour lui, les partenaires de terrain savent désormais où s'adresser quand ils sont confrontés à des cas de traites d'être humains.
Prostitution, travail forcé...
La majorité des situations auxquelles l'AVIT a été confrontée concerne des cas d'exploitation sexuelle. Mais il y a aussi des problématiques d'exploitation économique, dans le milieu domestique par exemple.
L'association valaisanne n'a pas accompagné de victime dans les secteurs de la construction, de l'hôtellerie/restauration ou dans le milieu agricole. "Cela s'est produit dans les autres cantons, donc il est aussi possible que cela se produise ici", note David Dandrès.
Tous les abus ne sont pas de la traite
Il précise avoir reçu en consultation plusieurs personnes qui subissaient des infractions à la loi sur le travail. Ces cas allaient plus loin que de simples abus à la convention collective de travail et relevaient davantage d'infractions pénales comme l'usure, l'extorsion et le chantage ou encore l'abus de détresse.
Mais ces situations ne correspondaient pas à la définition juridique de la traite des êtres humains, précise encore le directeur de l'AVIT. "Nous travaillons avec le service de la protection des travailleurs qui reprend le suivi de ces infractions".
L'interview de David Dandrès:
180 personnes formées
Pour l'avenir, l'AVIT veut encore améliorer la détection précoce des cas de traite des êtres humains. Jusqu'ici, 180 personnes – policiers, personnel médical ou travailleurs sociaux – ont été formées à détecter ces cas.
"Beaucoup de victimes ne se reconnaissent pas comme telles ou n'osent pas parler. Il est donc crucial que les professionnels de terrain soient formés pour repérer les signes de traite, poser les bonnes questions et orienter les personnes vers l'AVIT", remarque encore David Dandrès.
Tirer à la même corde
Le directeur souligne aussi les défis liés au fédéralisme, avec des pratiques qui diffèrent selon les cantons. "La cohérence entre ces actions cantonales et les politiques fédérales doit être améliorée.
A ce titre, David Dandrès souligne le rôle joué par la Plateforme Traite. La traite des êtres humains "ne connait pas de frontière et pas de frontière cantonale. Cela nous permet d'être plus forts ensemble", assure le responsable.
Rappelons que le canton du Valais a décrété, en 2023, une politique de tolérance zéro à l'égard de l'exploitation sexuelle et du travail forcé. Toutes les infos sur l'AVIT ici
La traite des êtres humains, qu'est-ce que c'est?
La traite des êtres humains est une infraction reconnue dans le code pénal suisse. Il s'agit "d'abuser de la vulnérabilité d'une ou de plusieurs personnes pour les contraindre à travailler ou à se prostituer tout en s'accaparant la majorité ou la totalité des revenus qui en découlent", explique David Dandrès.
Pour que la traite des êtres humains soit reconnue comme telle, il faut plusieurs éléments, dont l'utilisation de moyens de contrainte – comme le recours à la force ou l'abus d'autorité par exemple.
La Suisse a signé deux conventions internationales sur la traite des êtres humains ; cette infraction est désormais punie par une peine privative de liberté ou une peine pécuniaire.