Des Yéniches s'installent sans autorisation sur un terrain à Thônex
Des Yéniches occupent depuis dimanche, sans autorisation, un terrain communal à Thônex (GE). Cette action traduit le désarroi des gens du voyage suisses face au manque de lieux aménagés permettant une vie nomade. La commune de Thônex les laisse rester deux semaines.

L'information a été révélée lundi par Le Temps. "Nous n'avons rien à Genève, alors que c'est un des cantons les plus riches de Suisse avec une ville qui se présente comme la capitale des droits de l'homme", indique à Keystone-ATS Stève Gerzner, le représentant de la communauté.
Une vingtaine de familles ont pris leurs quartiers à Thônex. Les caravanes sont quasiment garées sous les fenêtres de la mairie. Les Yéniches sont prêts à rester le temps qu'il faudra pour faire bouger les autorités. Ils espèrent obtenir plus de haltes de passage équipées d'accès à l'eau et à l'électricité.
"C'est dans la loi", précise M. Gerzner. Les Yéniches sont reconnus comme une minorité et la Suisse doit faciliter la pratique de leur vie culturelle nomade. Un droit qui peine à se matérialiser. Les Yéniches ont multiplié les demandes auprès des communes pour obtenir des emplacements, mais ont essuyé des refus en cascade.
"On nous ballote d'un département à un autre, on nous affirme que les terrains sont utilisés pour des manifestations", déplore M. Gerzner. En réalité, "on ne nous veut pas". Pourtant, les Yéniches ne demandent pas à rester des mois au même endroit. Ils changent de lieux toutes les deux à trois semaines.
Une fois installés, ils vivent de toutes sortes de travaux, dans la construction, le recyclage. Selon M. Gerzner, leur venue ne coûte rien. "Nous payons l'électricité et l'eau et nous couvrons nos frais." Ils laissent aussi les emplacements propres. A Thônex, ils ont installé une benne pour leurs déchets et des toilettes.
L'exécutif de Thônex avait dans un premier temps annoncé, dans un communiqué diffusé peu avant midi, lundi, son intention de déposer une plainte pénale "pour violation de domicile, pour dommage à la propriété et pour vol d'énergie (eau et électricité)". La commune a finalement révisé sa position.
"Nous sommes autorisés à rester deux semaines", indique Patrick Birchler, représentant de la communauté installée à Thônex. Les Yéniches devront s'acquitter d'une somme de 300 francs par jour, soit un total d'un peu plus de 4000 francs. Si tout se passe bien, ils auront peut-être la possibilité de revenir une autre fois.
Les Yéniches sont environ 35'000 en Suisse. Certains adoptent une vie nomade entre le mois de mars et le mois d'octobre. La plupart se sédentarisent durant l'hiver. "Nous sommes des citoyens suisses", rappelle M. Gerzner. Les Yéniches disent souffrir de la mauvaise réputation donnée à d'autres communautés de gens du voyage.
Un passé difficile, avec des enfants arrachés de leur famille, a appris aux Yéniches la discrétion. "On s'est tellement caché qu'on a fini par nous oublier", relève M. Gerzner. Aujourd'hui, la communauté a décidé de se montrer au grand jour, de mieux se faire connaître. "Il en va de la survie de notre culture".