A Prangins, les portraits de célèbres hôtes s'exposent au château
Huit personnalités qui ont vécu ou séjourné au château de Prangins auront désormais leur portrait exposé dans le grand corridor au premier étage. L'antenne romande du Musée national suisse a présenté jeudi sa nouvelle exposition permanente, "La Galerie des portraits", qui se veut interactive et immersive.

Les portraits de William Beckford, Joseph Bonaparte, Bernie Cornfeld, Charles-Jules Guiguer, Katharine McCormick, les frères Moraves, Jacques Necker et Voltaire viendront recréer l'esprit des lieux ou l'âme du château.
Les responsables se sont inspirés de la galerie comme lieu de passage historique et incontournable où l'on accrochait à l'époque des portraits de famille.
A Prangins, la présence de ces huit personnalités du passé donnera une touche mémorielle de celles et ceux qui ont habité, écrit, rêvé, pleuré, étudié ou collectionné dans cette demeure vaudoise.
La scénographie est signée par l'atelier d'architecture et de design "oï". Elle est enrichie de plusieurs dispositifs de son, animation et lumière réalisée par Mouvement Studio, spécialistes de design média interactif, indique le Musée national suisse dans un communiqué de presse.
Le critique d'art, collectionneur, homme politique et écrivain anglais William Beckford (1760-1844) fréquenta le château de Prangins à l'adolescence. Pendant dix mois, le jeune homme s'y rendit régulièrement et avec assiduité, faisant plusieurs séjours de deux à trois jours par mois.
Contraint de quitter la France en 1814 après la défaite et l'exil de l'empereur Napoléon, son frère cadet, Joseph Bonaparte (1768-1844) trouva refuge en Suisse. Après avoir tenté, sans succès, d'acheter le château d'Allaman, il entra en contact avec Charles-Jules Guiguer, baron de Prangins, auquel il acheta le domaine en juillet 1814.
La présence de Joseph à Prangins ne passa pas inaperçue et fit même jaser, suscitant rumeurs et mécontentements dans la région. En mars 1815, le coup de théâtre que constitua la marche de Napoléon, de retour d'exil, sur Paris, amena Joseph à quitter Prangins.
Bernard, dit Bernie, Cornfeld (1927-1995) fut le dernier propriétaire privé du château, entre 1970 et 1973. Les raisons pour lesquelles il l'acheta ne sont pas claires. S'il n'y vécut pas, selon des témoins de l'époque il y aurait donné des fêtes pharaoniques.
Charles-Jules Guiguer (1780-1840) naquit au château de Prangins. Fils aîné de Matilda et de Louis-François Guiguer, il hérita du titre de baron de Prangins et fut le dernier à le porter. De retour à Prangins en 1798, après être parti étudier en Allemagne, il participa en compagnie de son frère cadet Auguste à la libération du Pays de Vaud. Sept ans avant son retrait de la vie politique, en 1830, il fut promu commandant en chef de l'armée fédérale.
Biologiste, féministe et philanthrope américaine, Katharine McCormick (1875-1967), fut propriétaire du château de Prangins de 1929 à 1962, où elle y passa ses étés en villégiature. En 1962, elle légua le château complètement meublé au gouvernement américain, lequel, bien que propriétaire jusqu'en 1970, ne s'en servit jamais.
L'Unité des Frères moraves (1873-1920) fut une communauté chrétienne originaire de Bohême. En 1873, un de leurs instituts déménagea au château de Prangins où il resta jusqu'en 1920, avec en permanence environ 80 personnes (le directeur et sa famille, les professeurs, le personnel et une cinquantaine de pensionnaires).
Banquier genevois ayant fait fortune à Paris et célèbre pour sa carrière de ministre des Finances auprès de Louis XVI, Jacques Necker (1732-1804) rendit plusieurs fois visite entre 1781 et 1788 à son ami Louis-François Guiguer, baron de Prangins. Il avait acquis le château de Coppet en 1784.
Quant à Voltaire (1694-1778), il s'installa au château pendant trois mois au cours de l'hiver 1754-1755, à l’invitation du baron Jean-Georges Guiguer, nouvellement propriétaire du domaine à l'époque. Le séjour de l'écrivain et philosophe français est connu au travers de sa riche correspondance et de celle de sa nièce.