Jérôme Voutaz et son attelage prêts pour un nouveau CHI de Genève : "Un rendez-vous très spécial"

"C'est un rendez-vous très spécial puisqu'avant d'y participer, nous sommes longtemps allés à Genève en tant que spectateurs", relève le Valaisan. "Avoir aujourd'hui la chance d'être sur la piste est une grande fierté. Globalement, la préparation est la même qu'avant un autre événement. Le but est de toute manière toujours que les chevaux soient en forme. Ce qui change du reste de la saison, c'est que l'on a la chance de concourir devant notre public. Cela peut engendrer une part de pression supplémentaire avant le jour J, mais une fois en compétition, je suis dans ma bulle, avec mes chevaux et mes grooms."

Souvent bien classé dans le passé, Jérôme Voutaz ne cache pas ses ambitions avant de prendre la route en direction de la cité de Calvin. "J'aimerais monter sur le podium. Ce ne sera pas évident dans la mesure où les trois meilleurs mondiaux seront de la partie et que je n'en fais pas partie", sourit humblement celui qui possède toujours la particularité d'être l'unique amateur parmi les meilleurs meneurs de la planète. À l'approche du rendez-vous genevois, c'est d'ailleurs dans le garage qu'il dirige que le Valaisan nous a reçu. "J'ai toujours fait en sorte de mettre une vraie barrière entre mes "deux vies". Quand je suis au travail, je ne pense qu'à mes clients et à mes collègues. En revanche, dès que je quitte le garage, je suis branché sur les chevaux. Cet équilibre est important. Prenez l'exemple d'un professionnel qui fait un mauvais résultat lors de la compétition du week-end. Le lundi matin, son esprit reste empêtré dans quelque chose de négatif. Pour ma part, je suis obligé de rapidement digérer une éventuelle mauvaise performance pour me focaliser sur mon job."

Au-delà de ce double quotidien à gérer, Jérôme Voutaz a également le mérite de regarder les yeux dans les yeux ses concurrents malgré des structures d'entraînement bien différentes. Alors que les professionnels de la discipline possèdent tous leur propre manège, lui travaille essentiellement avec ses chevaux dans les champs qui entourent sa Ferme des Moulins à Sembrancher. "Pour pouvoir nous entraîner en conditions de compétition, nous sommes obligés de faire quatre heures de route. En autant de temps, mes concurrents ont déjà travaillé tout ce qu'ils voulaient", rigole-t-il. Le week-end dernier en effet, le Valaisan et son attelage se sont rendus à Avenches, dans la Broye. "Pour nous préparer du mieux possible pour Genève, il nous fallait un sol adapté à l'indoor, où cela va beaucoup plus vite que dans les prés par chez nous. Concrètement, on part le vendredi soir, on fait deux heures de route avec huit chevaux, on s'entraîne jusqu'au dimanche soir avant de faire le trajet retour. On dort bien du dimanche au lundi avant de reprendre le travail pendant que mes concurrents parlent et vivent chevaux et peuvent accorder du temps à leur famille. Je pense quand même que leurs conditions sont plus faciles que les miennes."

Jérôme Voutaz emmènera cinq chevaux avec lui à Palexpo. Des bêtes dont le programme est clairement défini d'ici là. "Il ne faut pas oublier que ce sont de vrais sportifs", relève le meneur. "Comme nous leur avons demandé beaucoup d'efforts ce week-end à l'entraînement, ils ont besoin de se reposer. Nous allons donc les laisser tranquilles sur ce début de semaine, nous contenter de les faire marcher pour garder le contact avec eux. Le trajet jusqu'à Genève, bien plus court que ceux dont nous avons l'habitude le reste de la saison, est prévu vendredi. Ensuite, ce sera la compétition et nous serons prêts à lutter."

À domicile (ou presque), le Valaisan et son attelage tenteront de confirmer leur très bon début de saison. 3èmes à Lyon et 2èmes à Stuttgart ces dernières semaines, ils pointent au 3ème rang actuel du classement général de la Coupe du Monde. "Nous sommes dans le coup, les chevaux sont vraiment en forme et nous sommes une bonne équipe qui s'est donnée beaucoup de peine ces derniers mois. Depuis quelques temps (ndlr : 3 ans), nous sommes entraînés par Michaël Barbey, un spécialiste d'attelage à un cheval. C'est quelqu'un de très minutieux qui est encore plus pointilleux que moi à l'analyse vidéo et qui va chercher dans le détail. C'est cette rigueur qui doit nous permettre d'être au sommet de la pyramide." Au-delà du CHI de Genève, l'objectif de Jérôme Voutaz cette saison est clair : décrocher un ticket pour la finale de la Coupe du Monde en février à Bordeaux. "Il faut être dans le top 6 au général pour être au rendez-vous. C'est donc bien parti pour le moment!"