Valentin Crettaz, l'Anniviard qui se cache derrière les exploits des skieurs suisses
Intégré à la structure de Swiss-Ski depuis 2021, Valentin Crettaz a pris du galon l'été dernier. Promu dans l'encadrement de l'équipe de Suisse de Coupe du Monde de vitesse, l'Anniviard contribue activement au début de saison tonitruant de Marco Odermatt et compagnie.

"Mes frangins m'ont toujours dit que le jour où j'entraînerai en Coupe du Monde, ils viendraient à Kitzbühel." Valentin Crettaz vient tout juste de nous faire cette confidence lorsque deux visages familiers débarquent dans le lounge de l'hôtel qui accueille l'équipe de Suisse de vitesse, à quelques mètres seulement de l'aire d'arrivée de la Streif. Ses deux frères ont tenu parole. Ils viennent de boucler les huit heures de route reliant le Valais au Tyrol autrichien. Son travail terminé, notre interview bouclée, l'Anniviard peut se permettre de relâcher, momentanément, la pression. La réalité de la compétition le rattrapera dès vendredi avec le Super-G qui lancera ce week-end d'épreuves du Hahnenkamm.
Au bon endroit, au bon moment
Intégré à la structure de Swiss-Ski en mai 2021, nommé entraîneur en chef du cadre C l'année suivante, Valentin Crettaz a donc franchi un échelon supplémentaire l'été dernier en rejoignant le staff de l'équipe de Suisse masculine de vitesse. "Ma progression a été linéaire depuis le centre de performance à Brigue", glisse-t-il fièrement en refusant de définir sa dernière promotion comme un aboutissement. "Je parlerai plutôt d'une suite de carrière et d'une chance d'avoir été là, au bon endroit et au bon moment. Pouvoir retrouver au plus haut niveau des athlètes que j'ai déjà suivis dans le passé est très intéressant."
S'il ne cache pas avoir toujours rêvé de travailler avec les meilleurs skieurs de la planète, le Valaisan dit avoir pris le temps de la réflexion avant d'accepter la proposition de Reto Nydegger, le responsable du groupe de vitesse. "J'ai pensé à moi, mais j'ai également concerté ma famille. Le moment était-il le bon ou pas? Au final, j'en suis vite arrivé à la conclusion que c'était une offre que je ne pouvais pas refuser. Je dirais que j'ai eu besoin de quelques heures, au plus de quelques jours, avant d'accepter."
Moins souvent à la maison
Ces nouvelles fonctions ont inévitablement été synonyme de changement de rythme pour Valentin Crettaz. "Les voyages sont plus nombreux, le nombre de jours durant lesquels on est loin de la maison augmente. Il faut profiter de chaque moment passé avec la famille ou les amis. Après Wengen, je suis par exemple rentré un jour seulement avant de reprendre la route pour venir ici à Kitzbühel. En revanche, j'ai moins de tâches administratives à accomplir que lorsque j'avais la charge du cadre C." Plus que d'un job, l'Anniviard parle d'une vocation et même, d'une véritable passion. Il en dit un peu plus sur son cahier des charges au sein du staff de l'équipe de Suisse.
Lien de cause à effet ou non, depuis l'arrivée de Valentin Crettaz au sein du staff, les skieurs suisses n'en finissent plus de briller. En huit épreuves de vitesse jusqu'à présent, ils sont cinq à être montés sur la boîte pour un total de treize podiums. "Durant toute la préparation, on se posait des questions", admet le coach valaisan. "Chaque jour, un autre athlète se montrait performant. On se demandait alors si on était mauvais, moyen ou pas trop mal. Au final, j'ai l'impression qu'on a pris le bon wagon."
La promotion du Valaisan a été accueillie avec enthousiasme par ses protégés. "Le fait d'avoir un entraîneur pas trop loin de la maison m'offre une grande flexibilité", se réjouit le Martignerain Arnaud Boisset. "Sur mon retour de blessure (ndlr : après la commotion subie à Beaver Creek), je n'ai pas eu besoin de faire des heures de route pour m'entraîner. On se connaît depuis très longtemps et humainement, on s'entend à merveille." Le Fribourgeois Alexis Monney est, lui aussi, heureux d'avoir retrouvé un homme qui l'avait fait grandir au sein du centre de performance à Brigue. "On sait mutuellement comment on fonctionne et sa présence nous permet de pouvoir communiquer plus facilement sur un tas de choses qu'avec un coach qui parle allemand."
La larme à l'œil pour Monney et von Allmen
Très lié à celui-ci, Valentin Crettaz ne cache pas avoir ressenti des émotions très fortes au moment où Alexis Monney domptait la descente de Bormio pour s'offrir son premier succès en Coupe du Monde. "J'ai carrément eu la larme à l'œil. Idem le week-end dernier lors du succès de Franjo (ndlr : von Allmen) en Super-G à Wengen. Voir des athlètes avec qui tu travailles depuis longtemps se retrouver au sommet, c'est exceptionnel. Les émotions sont fabuleuses."
Arrivé aux commandes d'une équipe qui tourne à merveille, le Valaisan parle malgré tout d'une forme de défi : celui de poursuivre sur la dynamique de ce début d'hiver complétement fou. "Au départ, on se dit que tout va bien et qu'on fait du bon boulot, mais lorsqu'on enchaîne quatre doublés consécutifs en descente, une certaine pression se fait ressentir. Tout le monde nous attend désormais au tournant. Il faut bien se rendre compte que gagner autant n'est pas quelque chose de "normal". On vit une période extraordinaire dont il faut profiter, tout en sachant que l'on ne pourra pas remporter indéfiniment toutes les courses."
Reste que les Helvètes espèrent bien prolonger cette période idyllique ce week-end à Kitzbühel, véritable Mecque du ski alpin. Premier rendez-vous vendredi dès 11h30 avec le Super-G.