Un mois après sa chute à Beaver Creek, Arnaud Boisset est prêt à retrouver la Coupe du Monde
Rétabli de la commotion subie lors de sa lourde chute à Beaver Creek il y a pile un mois, Arnaud Boisset prépare son retour sur le circuit de Coupe du Monde. Le Martignerain retrouvera le portillon dans dix jours à Wengen.

"Je me rappelle de tout, sauf du moment où j'ai perdu connaissance." Un mois jour pour jour après avoir lancé sa saison par une lourde chute à Beaver Creek, Arnaud Boisset n'a rien oublié. "J'ai senti que je perdais le contrôle de mes skis et tout est allé très vite. J'ai tout de suite compris que ma course était finie et qu'il fallait juste que j'arrive à freiner doucement. Malheureusement, ce qui devait arriver, arriva. J'ai terminé dans les filets et je me suis réveillé dans la luge." Les images de son accident font d'abord craindre le pire avant que le verdict des médecins ne rassure : le Martignerain ne souffre "que" d'une commotion et d'importantes contusions.
"À titre personnel, je n'ai pas eu trop le temps de réaliser ce qui m'était arrivé et donc de craindre quelque chose de plus grave", explique le principal intéressé. "À peine une heure et demie après ma chute, j'avais déjà effectué un scanner qui écartait l'hypothèse d'un hématome crânien et de toute fracture. J'étais encore un peu dans les vapes à ce moment-là. Un mois plus tard, ce qui m'est arrivé ne constitue aucunement un traumatisme dans mon esprit. Ce sont les risques du métier. On évolue à des vitesses élevées sur des pistes glacées donc quand la tête tape, ça tape fort."

Rapidement de retour en Valais, Arnaud Boisset a ensuite dû se résoudre à mettre son quotidien au ralenti. "Ce n'était pas facile pour moi qui suis plutôt de nature hyperactive", sourit-il. "Dans un premier temps, je dormais 13 heures par nuit et faisais des siestes juste après être allé à la physio ou me balader. J'ai fait de la physio pour la tête et pour me remettre des grosses contusions subies sur le côté gauche. Peu à peu, j'ai ensuite pu reprendre l'entraînement de manière progressive. Le retour sur la neige, entre les piquets, s'est bien passé. Il faut encore que je me teste cette semaine sur une piste de descente et de Super-G pour voir comment je réagis en position de schuss, lancé à 120 km/h, mais apparemment, il ne devrait pas y avoir de problèmes. Ma vision périphérique est bonne, je ne vois pas double donc tous les signaux sont au vert. Je me sens de nouveau à 100%."
La prudence de renoncer à Bormio
Dans un premier temps, le Martignerain avait laissé entendre qu'il pourrait réenfiler un dossard dès les courses de Bormio durant les Fêtes. Il a finalement préféré jouer la carte de la prudence et ne prendre aucun risque en différant son retour dans le portillon. "Ces épreuves arrivaient pile poil trois semaines après mon accident. C'est le moment où l'on peut gentiment reprendre après une commotion mais où il faut absolument éviter un 2ème crash", raconte celui qui a fini par se plier à l'avis des médecins et de ses entraîneurs. "Ils étaient tous contre le fait que je m'aligne. Comme il n'a pas fait beau les jours qui précédaient Bormio, je n'ai pas pu m'entraîner dans de bonnes conditions. Ne pas y aller était donc la meilleure décision. Quand j'ai vu les courses à la télé, je me suis bien rendu compte que je n'aurais pas pu m'exprimer à 200% si j'avais pris le départ. Sur une piste comme celle-ci, partir avec de la réserve est encore plus dangereux. Il valait donc mieux prendre le temps de préparer Wengen comme il faut."
Arnaud Boisset retrouvera ainsi la compétition d'ici une dizaine de jours sur le Lauberhorn où deux épreuves de vitesse sont prévues : un Super-G le vendredi 17 avant la mythique descente du samedi 18. "C'est une classique, une piste magnifique, celle que j'ai le plus skié sur le circuit", relève-t-il. "Elle comporte deux ou trois passages techniques, mais sinon, elle est relativement facile dans l'ensemble. En plus, elle est toujours très bien préparée. Je n'ai donc aucune appréhension à reprendre là-bas."
Il a vibré devant sa TV
Éloigné des portillons ces dernières semaines, c'est devant son poste de télévision que le Martignerain a assisté aux exploits de ses coéquipiers de l'équipe de Suisse de vitesse. De la première victoire de Justin Murisier au week-end doré vécu par Alexis Monney à Bormio, en passant par les premiers podiums du Bernois Franjo von Allmen et les performances de l'inévitable Marco Odermatt, les Helvètes ont écrasé la concurrence depuis le début de la saison. "Ce qu'ils ont réussi est juste exceptionnel et prouve la densité de cette équipe", se réjouit Arnaud Boisset. "C'est un régal de faire partie d'un groupe aussi fort. Avant d'être un coureur, je suis un spectateur et j'ai vraiment vibré devant les dernières courses."
Si ce début de saison en fanfare pourrait engendrer une part de pression sur les épaules des skieurs helvétiques, lesquels sont désormais attendus aux avant-postes à chaque course, Arnaud Boisset assure ressentir l'inverse. "À titre personnel en tout cas, je n'ai aucune pression. Les autres ont fait le taf. Les feux des projecteurs ne seront donc pas sur moi, ce qui me permettra de revenir gentiment." À l'heure d'aborder ce retour sur le circuit et d'entamer, pour de bon, sa saison, le Valaisan affirme d'ailleurs ne pas se fixer d'objectif précis. "La seule chose qui m'importe est de revenir et de retrouver mon meilleur niveau. Un seul virage m'a manqué lors de la première course pour que mon début de saison soit réussi. Je sais bien que les places aux Mondiaux seront chères puisque beaucoup de skieurs ont déjà rempli les critères de sélection. Cela devient serré pour moi puisqu'il n'y a plus des masses de courses avant Saalbach (ndlr : les Mondiaux sont prévus du 4 au 16 février). Je vais donner mon maximum, faire mon ski et on verra bien où cela me mène."