Viège-Sierre : une partie d'échecs pour départager deux voisins inséparables

Adversaires sur la glace, les deux hommes parlent en revanche d'une même voix au moment d'évoquer leur état d'esprit avant le début des choses sérieuses. "L'excitation monte. On attend qu'une seule chose : que le puck soit lancé." Du côté sierrois, le repas de gala organisé vendredi dernier a permis de faire grimper la pression. "Tous les fans présents nous ont fait part de leur impatience. C'est une pression positive. Tout le monde partage les mêmes attentes : on veut enfin passer ce cap des quarts de finale. Briser ce plafond de verre contre Viège, ce serait symbolique."

Si ce duel 100% valaisan semblait promis depuis de nombreuses semaines déjà, l'incertitude quant à l'identité du club qui l'aborderait avec l'avantage de la glace a duré jusqu'à l'ultime ronde de la saison régulière. Sierre a longtemps eu la main avant de finalement céder la 4ème place à son rival cantonal. "Tout le monde pensait que la messe était dite après leur victoire lors de notre dernier duel (ndlr : 3-2 pour Sierre le 25 janvier à Graben), mais nous avons su faire basculer les choses lors des deux dernières journées", se réjouit Virgile Thévoz. "Finir devant eux est une petite victoire, mais tout ce qui compte désormais, ce sont les sept matches qui sont devant nous. Dans une série tout est possible. Débuter à la maison est à la fois un avantage et une pression. Une pression positive qu'il s'agit de bien gérer."

Du côté des "Rouge et Jaune", le premier objectif de la saison n'a pas été atteint. "Ne pas avoir terminé dans ce top 4 que nous avions entre les mains est une déception", reconnaît Eliott Meyrat. "La seule chose qui nous console est que l'on ne perdra pas trop d'énergie dans les trajets pour aller jusqu'à Viège. Cette saison a été éprouvante. Avec beaucoup de hauts et de bas. Les ambitions du club ont changé, les attentes du public ont augmenté, mais passer véritablement dans une autre dimension demande un certain temps."

Dans une Swiss League qui peine toujours à susciter un réel enthousiasme et à remplir les patinoires, ce derby en playoffs est vu d'un très bon œil de part et d'autre. "On ne pouvait pas rêver mieux. Personnellement, j'attendais ça depuis le début de la saison", affirme Virgile Thévoz. "C'est l'assurance d'avoir un club valaisan au prochain tour. Évidemment que l'on espère tous que ce soit le nôtre. Surtout, c'est l'affiche idéale pour servir de vitrine à la Swiss League. Les rivalités locales sont la meilleure chance de démarquer un peu notre championnat de la National League qui prend toute la lumière." Si historiquement, le principal rival du HC Sierre a toujours été Martigny, Eliott Meyrat parle malgré tout d'un duel particulier face au voisin du haut.

Avant de croiser le fer lors de ces séries finales, Viège et Sierre se sont déjà rencontrés à…huit reprises cette saison, championnat, Coupe et matches de préparation compris. "On se connaît par cœur. C'est un vrai jeu d'échecs qui commence. Il faut essayer d'avoir un coup d'avance sur l'adversaire", sourit le défenseur du club haut-valaisan. "Cela va se jouer sur des détails. Entre nous, il est pratiquement impossible de miser sur un potentiel effet de surprise", enchaîne son homologue sierrois. D'une même voix, les deux hommes l'assurent : "L'équipe la plus forte mentalement ressortira victorieuse de cette série."

Sur les cinq duels disputés jusque-là en championnat, trois ont tourné à l'avantage du HC Sierre, deux à celui du HC Viège. Jamais, l'équipe évoluant à l'extérieur ne l'a emporté. "C'est là qu'avoir terminé 5èmes peut constituer un vrai désavantage pour nous", admet Eliott Meyrat. "Malgré tout, je suis convaincu que l'on peut aller chercher un match chez eux. Pour y parvenir, la gestion des situations spéciales sera certainement primordiale. Nous avons été beaucoup trop pénalisés cette saison. Nous en avons parlé car nous ne pouvons plus nous permettre de perdre autant d'énergie en évoluant avec un homme de moins sur la glace."

Interrogés sur les ambitions de chaque vestiaire à l'heure de lancer ces playoffs, Virgile Thévoz et Eliott Meyrat accordent à nouveau leur discours. "La seule chose qui compte pour l'instant, c'est de gagner l'acte 1. Même le match de vendredi paraît loin. Se projeter sur un éventuel prochain tour est complétement inutile pour l'instant. Un match peut suffire à faire basculer la dynamique d'une série."