Nico Hischier : "Nous avons mérité d'être reconnus comme un pays de hockey"
À 26 ans, Nico Hischier dispute déjà le sixième championnat du Monde de sa carrière. Désigné capitaine de l'équipe de Suisse, l'attaquant haut-valaisan des New Jersey Devils se confie depuis Herning.

L'équipe de Suisse répond pour l'heure aux attentes au championnat du Monde. Battue après prolongations (4-5) par les tenants du titre tchèques en ouverture de tournoi, elle a ensuite fait le travail contre le Danemark (victoire 5-2) avant de signer une démonstration face aux Etats-Unis (3-0). À la veille du duel face à l'Allemagne prévu jeudi dès 16h20 à Herning, le capitaine Nico Hischier s'est livré à notre micro.
Nico Hischier, trois matches, sept points. Comment jugez-vous le début de tournoi de l'équipe de Suisse?
Il a été bon. Dès le départ, nous avons affronté de très bonnes équipes. On savait que ce ne serait pas facile, mais je crois que l'on peut être content de ce que l'on a fait. Nous avons gagné deux rencontres et même si nous avons perdu contre les Tchèques, nous avons aussi eu nos chances de l'emporter. Le sport est comme ça. Parfois tu gagnes, parfois tu perds. Désormais, il s'agit de surfer sur la dynamique du match face aux USA.
On a la sensation que vous montez en puissance au fil des rencontres…
C'est vrai. D'ailleurs, c'est aussi notre objectif. Dans un tel tournoi, nous ne pouvons pas nous endormir. Nous devons être meilleurs de match en match et grandir en tant qu'équipe.
Est-ce qu'on peut dire que le match contre les USA était l'un des meilleurs de la Suisse ces dernières années?
Certainement. C'était un match très solide de notre part. Nous avions un plan que nous avons parfaitement suivi. Nous avons rarement donné aussi peu de chances à notre adversaire. Chacune des quatre lignes a fait son travail. Terminer un match sans prendre le moindre but prouve que le job a été bien fait.
La Suisse possède-t-elle encore une marge de progression?
Après un match comme celui-ci, c'est difficile à dire. Chacun doit se rendre compte de tout ce que nous avons bien fait pour chercher à avoir de la constance lors des prochaines rencontres. Contre l'Allemagne, nous aurons un autre plan. Il faudra faire quelques petits changements. C'est la chose qui peut être la plus difficile à gérer d'une partie à l'autre.
Vous êtes le capitaine de cette équipe. Qu'est-ce que ça représente?
C'est un immense honneur. Je me réjouis toujours de retrouver l'équipe nationale. Quand on décide de te donner cette responsabilité, tu ne peux que l'accueillir avec fierté. Mais je crois que si vous regardez notre effectif, vous verrez qu'il compte beaucoup de leaders qui auraient pu emmener cette équipe en tant que capitaine. Cela rend mon job très facile.
Vous êtes aussi capitaine des New Jersey Devils depuis plusieurs saisons. C'est un rôle naturel pour vous?
Oui. En tout cas, ce n'est pas quelque chose de nouveau. J'essaie toujours de me focaliser sur mon travail, sur mon jeu. C'est comme ça que je peux le plus aider mon équipe.
Cela veut dire que vous n'êtes pas du genre à faire de grands discours?
Disons que je n'aime pas forcément parler fort dans le vestiaire. Bien sûr, je dis les choses quand j'estime que c'est nécessaire. Si je vois qu'il nous manque quelque chose ou que nous ne sommes pas au point sur le plan tactique, je vais le faire remarquer. Mais sinon, j'essaie surtout de montrer l'exemple à mes coéquipiers sur la glace.

À 26 ans, c'est déjà votre sixième championnat du Monde. Pas si mal comme chiffre…
C'est clair. Pour être honnête, je n'y avais pas pensé. C'est quelque chose que personne ne pourra m'enlever. Par contre, cela veut aussi dire qu'avec mon club, nous avons souvent manqué les playoffs ou été éliminés très vite. C'est mon sixième Mondial alors que je joue depuis huit ans à New Jersey. C'est donc difficile de savoir si je dois vraiment m'en réjouir pleinement ou non. Évidemment que je suis toujours content de jouer pour l'équipe nationale, mais j'aimerais aussi pouvoir vivre une fois une saison plus longue avec mon club.
Même avec six championnats du Monde déjà à votre actif, ce sera compliqué d'égaler Andres Ambühl…
Très compliqué oui (rires). Cela me semble même impossible pour ce que je viens de vous dire. J'aimerais bien manquer un jour un Mondial pour remporter la Coupe Stanley avec New Jersey.
C'est ça, le gros objectif de votre carrière?
C'est l'un de mes objectifs. L'autre est de remporter une médaille d'or avec la Suisse. Ce ne sera évidemment pas facile. On l'aurait déjà fait si c'était le cas. Mais ce sont clairement les deux rêves que je poursuis.
Est-ce que cette année, cela a été clair dès le départ que vous alliez rejoindre la Suisse après votre élimination en playoffs?
Dès le départ? C'est difficile à dire. Ce qui est certain, c'est que j'ai toujours dit que si je me sentais suffisamment en forme, mentalement et physiquement, je viendrais. Il a tout de même d'abord fallu bien digérer la fin de saison, prendre quelques jours pour souffler. Nous avons encore eu quelques meetings avec New Jersey. Après tout ça, comme je me sentais bien, je me suis décidé. Je dois bien avouer que j'avais encore envie de jouer quelques matches de hockey. Pour ça, il n'y a rien de mieux que de représenter la Suisse et de jouer ce tournoi avec les gars.
Après la médaille de l'an dernier, jusqu'où cette équipe de Suisse peut-elle aller?
Comme chaque année, on essaie de prendre un match après l'autre. Trois sont derrière nous désormais et comme déjà dit, nous pouvons être contents de nous jusqu'à présent. Dans un premier temps, nous voulons déjà valider notre qualification pour les quarts de finale. À partir de là, tout est possible. Nous l'avons bien vu ces dernières années. On peut réaliser une très bonne phase de groupe avant de chuter en quarts. À nous d'éviter ça.
Est-ce qu'on peut quand même dire que la Suisse a désormais un nouveau statut à l'échelle internationale?
Disons qu'aujourd'hui, toutes les autres équipes ont du respect pour nous. Nous avons fait en sorte que la Suisse soit reconnue comme un pays de hockey. Nous avons mérité ce statut. Nous devons avoir confiance en nous. Nous sommes une bonne équipe et tout le monde doit en avoir conscience. Il n'y a que comme ça que l'on pourra continuer de performer.
Avec le rythme imposé par la NHL, avez-vous eu le temps d'apprendre que le HC Viège avait remporté le titre de Swiss League cette saison?
Et bien, figurez-vous que j'ai même suivi quelques-uns de leurs matches en playoffs. Cela aurait été super pour le club et pour tout le Valais qu'ils parviennent à monter en National League. Même si cela ne s'est malheureusement pas fait, ils ont eu le mérite de ramener un peu d'euphorie dans le Canton.