Dave Sutter: "Il est temps que ma saison commence vraiment"
À 32 ans, Dave Sutter a vécu une saison très paradoxale cet hiver. Alors que son club de Fribourg-Gottéron a signé un exercice historique, dépassant la barre des 100 points, le défenseur n'a que très peu joué ces derniers mois en raison d'une pubalgie persistante. Il se confie à l'aube des playoffs.

Le monde du hockey suisse entre dans sa phase décisive. Après cinquante-deux rencontres de saison régulière et une dernière semaine marquée par les deux tours de play-in (le dernier ticket pour les séries finales sera attribué ce mercredi soir au vainqueur du duel entre Ambri et Bienne), les playoffs de National League débutent samedi. Huit formations seront sur la ligne de départ pour succéder à Genève-Servette, couronné l'an dernier et d'ores et déjà éliminé de la course à sa propre succession.
Deux semaines de pause à gérer
"Le début des séries finales, c'est le moment que l'on attend tous depuis l'entame de la saison et même avant. Dès les premiers entraînements de l'été, cette échéance est dans un coin de la tête", affirme Dave Sutter. Le défenseur montheysan et son club de Fribourg-Gottéron défieront Lugano en quarts de finale. Un duel qu'ils aborderont après avoir eu droit à deux semaines de pause depuis la fin de la saison régulière. "Quinze jours sans match, c'est long lorsque tu as l'habitude de jouer tous les deux ou trois jours le reste de l'année. On a essayé de maintenir un maximum de concentration durant les entraînements et nous sommes entrés dans le concret dès le moment où l'identité de notre adversaire a été connue. Depuis lors, on a pu entamer les séances vidéo pour étudier leur jeu, leurs forces et leurs faiblesses."
Au moment de boucler la saison régulière, les Fribourgeois n'avaient qu'une seule certitude: leur premier rendez-vous en playoffs les conduiraient au Tessin. Restait à déterminer s'ils prendraient la route d'Ambri ou de Lugano. C'est donc la 2ème option qui a été retenue à l'issue du premier tour des play-in remporté par les Bianconeri face au frère ennemi léventin. "Affronter Lugano nous donne inévitablement des envies de revanche puisque c'est ce même adversaire qui nous avait éliminé l'an dernier en pré-playoffs. L'heure de la vengeance a sonné pour nous", affirme le défenseur des Dragons.
Un duel équilibré en perspective
Les deux formations se sont affrontées à quatre reprises cet hiver pour un bilan parfaitement équilibré de deux victoires chacune. "Ce sera un duel très équilibré", se projette Dave Sutter. "Lugano est une très bonne équipe avec d'excellents joueurs offensifs. On sait aussi ce que représente le fait d'aller jouer au Tessin. Ce ne sont jamais des déplacements faciles. La récupération sera un élément essentiel de ce quart de finale avec de longs voyages qui vont s'enchaîner. Nous devrons être prêts au combat dès l'acte 1 samedi pour éviter de perdre notre avantage de la glace."
En terminant à la deuxième place du classement, sept points derrière le leader Zurich, les Fribourgeois font forcément partie des prétendants les plus sérieux à la couronne nationale. "Les playoffs, c'est une nouvelle saison qui débute. On ne le répétera jamais assez. Si tu veux aller au bout, tu ne peux pas te permettre de regarder plus loin que le match qui vient", nuance le Chablaisien. "Les huit équipes qui disputent les séries finales partagent le même objectif: remporter le titre. L'étape des quarts est toujours la plus difficile à aborder puisque c'est la première. C'est là que les gens t'attendent au tournant."
Un record de points dans l'histoire du club
Les attentes sont d'autant plus grandes sur les épaules des Dragons cette année qu'ils ont pour la première fois atteint et dépassé la barre symbolique des cent points (102 au total). Dave Sutter ne s'en cache pas: le moment est venu pour son équipe de franchir un palier en playoffs.
Outre celui du nombre de points récoltés en saison régulière, les Dragons ont battu un autre record cet hiver. Ils sont devenus la première formation du pays à disputer l'ensemble de ses rencontres à domicile à guichets fermés. "Avoir un tel soutien derrière soi est plus une source d'encouragement que de pression", assure le Valaisan de la BCF Arena. "Même si, en playoffs plus que jamais, nous n'avons pas forcément le temps de profiter comme il se doit de cette ferveur populaire, savoir que tous ces gens comptent sur nous nous donne un petit supplément d'énergie." De quoi permettre aux Dragons de marcher sur les traces des Aigles l'an dernier? "Voir Genève triompher n'a pas été source de jalousie. Cela a au contraire prouvé que les Romands en étaient aussi capables. Ce qui est certain, c'est que tout le monde rêve de ce titre ici. Depuis le temps, ce club et tout le canton méritent d'être champions."
Un happy end pour Bykov?
Si les Fribourgeois avaient besoin d'une source de motivation supplémentaire à aller le plus loin possible dans ces playoffs, la récente confirmation de la future retraite de l'emblématique Andrei Bykov la leur a apporté. "Tout le monde sait à quel point il est important pour nous et pour tout le club. C'est un gars très apprécié au sein du vestiaire et nous avons tous à cœur de lui offrir la fin qu'il mérite. Lorsque je jouais à Zurich, on avait remporté le titre pour la dernière de Mathias Seger. Pourquoi pas refaire le coup ici pour Andrei?"
Si Dave Sutter venait à soulever le trophée d'ici quelques semaines, le Montheysan prendrait une belle revanche sur une saison qui a été celle du paradoxe pour lui. Si tout (ou presque) a réussi à son équipe, le Montheysan n'a disputé que 19 petites rencontres de tout l'hiver. En cause: une pubalgie persistante qui lui a donc fait manquer une bonne trentaine de matches. "Ce n'est pas l'exercice le plus difficile de ma carrière sachant que lors de ma dernière année de contrat à Zurich, je n'ai pratiquement pas joué alors que j'étais en pleine forme", affirme-t-il. "Ce qui est clair en revanche, c'est que ma saison n'a jamais vraiment débuté. Jouer cinq matches, avoir une pause d'un mois et demi, revenir pour cinq matches et avoir une nouvelle pause de deux mois et demi, cela a été très compliqué à vivre. Je n'avais jamais été aussi longtemps écarté du vestiaire et de la glace. Mentalement, cela a été difficile à gérer. Heureusement pour moi, j'ai pu revenir il y a quelques semaines et je suis aujourd'hui à 100% pour la partie la plus excitante de la saison. Il est grand temps que ma saison commence vraiment."