Jean-Claude Pont, militant pour la nouvelle patinoire: "Il est temps de redorer l'image de Sierre"
Fondateur de Sierre-Zinal, Jean-Claude Pont est une figure incontournable, aussi bien du monde du sport que de la Cité du Soleil. Du haut de ses 82 ans, il s'engage aujourd'hui pour soutenir le projet de nouvelle patinoire porté par Chris McSorley.

Jean-Claude Pont nous accueille dans la salle de restaurant de l'Hôtel Europe à Zinal. À quelques mètres de l'emplacement de la ligne d'arrivée de la mythique course des cinq 4'000 à qui il a donné naissance voilà un demi-siècle. À 82 ans, le Sierrois continue de s'investir pour le bien du sport et de sa ville natale. Il a lancé durant les Fêtes un mouvement de soutien au projet de nouvelle patinoire dans la Cité du Soleil. Interview.
Jean-Claude Pont, quelles sont les motivations du fondateur de Sierre-Zinal à s'engager pour soutenir le projet de nouvelle patinoire porté par Chris McSorley?
Déjà, il faut savoir que mes relations avec la glace ne datent pas d'hier. Étant jeune depuis longtemps, j'ai assisté à mon premier match du HC Sierre en 1947 sur le lac de Géronde. Depuis lors, j'ai suivi au minimum dix rencontres de chacune des saisons du club, peu importe la catégorie de jeu dans laquelle il évoluait. Nos enfants ont très vite enfilé les patins, l'un de mes fils (ndlr: Benoît) a été joueur professionnel et fait aujourd'hui partie du staff de l'équipe de Suisse. Le hockey a toujours fait partie de notre vie. J'ai d'ailleurs co-rédigé un livre à l'occasion du 50ème anniversaire du club en 1983. L'année suivante, j'écrivais dans le bulletin du club un texte appelé Supplique pour une patinoire. Nous partions alors de loin et quarante ans plus tard, nous sommes arrivés nulle part sur ce sujet. Voir un homme comme Chris McSorley se passionner pour notre région et être prêt à s'investir pour celle-ci est une chance. C'est un homme qui va généralement au bout de ses idées. Avec lui et ses commanditaires suisses, tous les feux sont au vert même si rien n'est fait. Je précise que mon action ne se veut pas en faveur du HC Sierre uniquement mais de tout ce qu'une nouvelle patinoire apporterait à la Ville. J'en suis convaincu: jamais nous n'avons été si proches de réussir.
Comment expliquer que la situation que vous regrettiez déjà en 1984 ne se soit pas améliorée quarante ans plus tard, bien au contraire?
Mon message de l'époque était passé dans la mesure où la Ville avait engagé une personne pour développer une patinoire naturelle dans la forêt de Finges. Cela n'a malheureusement pas fait long feu puisque deux mois plus tard, cela appartenait déjà au passé. En quarante ans, il a certainement manqué un brin de dynamisme aux différents comités en place. Ces derniers ont peut-être pris peur face à la dimension du projet qu'ils auraient dû mener à bien. Le conseil communal a pourtant accepté d'engloutir une quinzaine de millions pour le développement d'une piscine à Géronde. Tout cela pour un succès tout relatif. Reste que pour ça, on a trouvé de l'argent. Il y aurait donc eu moyen de faire quelque chose au niveau de la patinoire.
Vous en voulez aux autorités politiques de ne pas avoir pris à bras-le-corps cette problématique de la patinoire?
C'est difficile de leur en vouloir quand on connait la charge de travail à laquelle doit faire face un conseil communal. Satisfaire tout le monde est loin d'être évident et j'en suis bien conscient. Malgré tout, je pense qu'il y a eu suffisamment de législatures différentes pour qu'une fois, quelqu'un se décide à taper du poing sur la table.
Aujourd'hui, du haut de vos 82 ans, vous avez donc décidé d'être ce "quelqu'un" en jouant un rôle de locomotive…
Vous savez, j'ai déjà créé quatre associations pour défendre d'autres causes et à chaque fois, on a gagné. À chaque fois aussi, les gens se plaignaient mais personne n'agissait. Parfois, et dans la limite du raisonnable, nous devrions prendre davantage exemple sur nos voisins français en descendant dans la rue pour faire valoir nos intérêts. Dans un dossier tel que celui-ci, les blocages peuvent être importants, de nombreux grains de sable sont susceptibles de gripper la machine. La seule chose que je me voyais faire en tant qu'amoureux de hockey était d'initier un mouvement pour tenter de contrer ces potentiels vents contraires. Encore une fois, une nouvelle patinoire ne servirait pas seulement les intérêts du HC Sierre. Elle permettrait à bon nombre de gamins de pratiquer une activité positive plutôt que de sombrer dans quelques mauvaises addictions. Être citoyen d'une ville ne se résume pas à voter une fois de sept en quatorze. C'est s'intéresser en permanence aux intérêts de celle-ci. Il est temps de redorer l'image de Sierre qui a perdu de nombreux points d'attractions ces dernières années. Plus qu'une enceinte de hockey, Graben est un lieu de rencontres. Ces dix dernières années, environ un million de personnes se sont retrouvées dans les murs de cette vétuste enceinte. Cela prouve l'importance d'un tel lieu.
Ces potentiels obstacles sur le chemin devant aboutir à la naissance d'une nouvelle patinoire vous font-ils peur?
On ne fait rien si on a peur. Aucune course de montagne n'existait lorsque j'ai décidé de créer Sierre-Zinal. La presse nous prédisait un échec monumental et regardez où nous en sommes aujourd'hui. J'ai été guide de montagne durant ma vie et il m'est parfois arrivé d'avoir peur. À chaque fois pourtant, j'ai continué et je suis allé de l'avant. Cette mentalité m'accompagne au quotidien et doit être partagée par tous ceux qui soutiennent ce projet.
Combien de retours avez-vous eu à ce mouvement que vous avez officiellement lancé à l'aube des Fêtes?
Bon, d'abord, il faut préciser qu'à ce jour, je n'ai partagé ma vision qu'à des personnes que je connais bien. Je n'ai pas encore véritablement lancé mon action. Ce qui me rassure néanmoins, c'est qu'en une dizaine de jours, 150 personnes m'ont écrit pour me dire qu'elles soutenaient ma démarche. Mon fils m'a transmis près de 2'000 contacts issus du monde du hockey. Tous ne se sentiront pas concernés par ma démarche, mais cela me fournit une base de données importante. Je compte aussi sur un effet boule de neige pour attirer un maximum de monde derrière ma bannière. Je suis vraiment motivé par les premiers retours reçus. Ce qui me fâche en revanche, ce sont tous ces docteurs du hockey rencontrés aux abords de Graben qui refusent de se bouger pour faire avancer les choses…
Quelle a été la réaction de Chris McSorley lorsque vous lui avez parlé de votre action?
Il a eu une larme à l'œil. Peut-être que c'est simplement un bon comédien qui ne pense qu'à l'argent qu'il peut se faire dans l'affaire mais je m'en fous. J'ai vraiment senti une émotion en lui. J'ai tout de suite compris que j'avais son appui total.
Quelles prochaines étapes prévoyez-vous une fois qu'un nombre suffisamment important de partisans à votre cause aura été réuni?
Je vais vous dire une chose: les vieux paysans faisaient leur chemin en marchant. Tout n'est donc pas planifié. Ce qui est certain, c'est que l'on va pouvoir montrer aux promoteurs qu'ils ne sont pas seuls. S'ils voient que nous sommes 1'000, 2'000 dans le mouvement, ils seront forcément boostés. Le deuxième point sur lequel je pense que l'on peut avoir un rôle est le fait d'agir comme une sorte d'intermédiaire entre ces promoteurs, les autorités et la population. Il est également fort probable qu'à la veille de la votation au conseil général, des blocages se fassent sentir. Des blocages que l'on pourrait lever en étant un fort mouvement de population. Être le plus nombreux possible sera aussi bénéfique en cas de référendum. Un grand sage disait qu'il ne faut pas faire de prophétie sur l'avenir. Moi, je suis un grand prophète du passé. Je ne peux donc pas vous dire exactement ce qu'il adviendra des prochains mois. Tout ce que je sais, c'est que j'ai hâte de voir ce que le destin fera de notre action.
Qu'auriez-vous envie de dire à ceux qui hésiteraient encore à rejoindre votre mouvement de soutien à cette nouvelle patinoire?
On vous entend pleurer tous les jours, dire que Sierre a perdu ceci et cela. Cette action vous donne l'occasion de contribuer à faire que notre ville aille à nouveau vers le mieux, vers le progrès et le développement.
Un mouvement de soutien sans engagement
En développant son action, Jean-Claude Pont espère donner une voix au peuple dans les prochaines étapes du projet de nouvelle patinoire dans la Cité du Soleil. Il précise que rejoindre le mouvement ne requiert aucun engagement financier. "Ni cotisation, ni statuts, ni séances, ni grand blabla, nous ne cherchons qu'une chose: l'efficacité. S'engager avec nous ne comporte aucun risque mais garantit le plaisir de participer à une action positive et constructive pour notre ville." Toute personne désireuse de rejoindre le mouvement peut le faire en écrivant directement à Jean-Claude Pont par mail à jean-claude.pont@unige.ch ou par téléphone au 079 420 16 54.