Dans un mois, Chris McSorley et le HC Sierre seront fixés : "C’est très enthousiasmant"

Qu’est-ce qui peut changer sur le mois qui reste ? Qu’est-ce que vous pouvez encore faire pour convaincre ?
Nous devons continuer de communiquer, d’informer la population sur le projet, en nous montrant proactifs. Il s’agit de montrer les bénéfices de la réalisation, de faire comprendre à quel point l’image de la ville et de la région peuvent changer si la National League vient en Valais. Si le HC Sierre retrouve la 1ère division. Si Sierre affronte Berne, Genève, Lausanne ou Zurich, ça changera totalement l’approche et la mentalité sportive du Valais central.

Certaines personnes sont sans doute interpellées, par votre présence ou par votre investissement. Que vous demandent les gens généralement ?
Les questions qui me sont adressées ne tournent généralement pas autour du sport. Mais plutôt autour du projet. Ce qui ressort souvent, c’est la capacité de la future patinoire. N’est-t-elle pas trop grande ? Je pense que non. Ça sera un format comparable à celle d’Ambri-Piotta. Et ce qu’on voit là-bas, c’est un petit village capable de ratisser bien au-delà. C’est un modèle que nous pouvons reproduire ici. Sierre est déjà une ville de hockey. Et on peut transformer cela en une région de hockey et en faire profiter tout le Valais central.

Trop cher ? Est-ce que cette question revient aussi ?
Le projet initial, pensé pour une équipe de Swiss League, aurait coûté plus cher aux collectivités. Les 30 millions d’argent public représentent un montant bien moins important que ce qui était dans les plans il y a 4 ou 5 ans. Urban Project et les investisseurs voient dans le nouveau projet une opportunité unique. Leur engagement est sans faille. C’est le genre de train qui ne passe qu’une fois dans une vie. Ils prévoient d’injecter 80 à 90 millions pour la nouvelle patinoire et pour d’autres surfaces de glace. C’est un effort extraordinaire fourni par les investisseurs.

Et pourquoi Sierre alors que ces investisseurs auraient pu mettre leur argent ailleurs ?
Parce qu’ils y croient. Ce sont des personnes qui ont participé à la transformation de Bulle dans le canton de Fribourg. Ils sont convaincus de pouvoir redessiner durablement tout un quartier et d’y amener énormément de bénéfices pour la société et la vie locale. On ne parle pas seulement d’une équipe en National League mais de tout ce que la communauté pourra retirer d’un projet de nouvelle patinoire.

Et votre investissement personnel, à combien se monte-t-il ?
Ma contribution est énorme. Ce sont des affaires privées mais les personnes impliquées savent combien j’ai investi et je suis prêt à investir. J’ai aussi la casquette d’entrepreneur, c’est sûr. Mais je crois à la gouvernance mise en place par Alain Bonnet et le conseil d’administration du HC Sierre. J’y crois, je suis pleinement engagé et je recommencerai sans hésiter. Pendant mes quelques 20 années passées à Genève, je me suis toujours demandé pourquoi Sierre, pourquoi le Valais n’avait pas sa propre équipe de National League. Désormais j’ai le temps et l’énergie pour répondre à ma propre question.

La question est peut-être un tabou. Est-ce que vos motivations sont aussi financières ?
Mon but est d’avoir une équipe viable, rentable. Cela signifie que le club doit pouvoir s’autofinancer. Nous l’avons fait avec Genève-Servette alors que peu de gens y croyaient. Cela a été fait avec le LHC. Je pense que nous pouvons réaliser cela ici, avec le travail fourni sur le plan administratif et commercial. C’est l’aboutissement majeur pour un club, c’est même l’essence d’un club, le fait qu’il puisse s’autofinancer.

Dès qu’on parle d’argent en Suisse, cela génère des craintes. Est-ce qu’un mentalité "nord-américaine" aurait amené moins d’appréhension ?
Je crois oui. C’est possible. Mais il ne faut pas tout mélanger. Certains clubs, certaines structures, ont clairement le but de faire du profit. Pour nous, il s’agit de trouver un équilibre. Notre business plan a été construit sur un modèle simple. On dépensera ce qu’on pourra gagner. C’est clairement un miroir. Les dépenses devront s’équilibrer avec les revenus. Et les revenus augmenteront au fur et à mesure que le club grandira en Swiss League ou en National League. Il s’agira d’accompagner cette croissance au niveau du recrutement, des salaires, etc…

Un autre projet d’enceinte sportive est en réflexion en Valais, le nouveau stade du FC Sion. Est-ce que vous y voyez une forme de rivalité, au niveau des partenaires et des sponsors ?
C’est une excellente question. Et j’ai déjà vécu une situation similaire. Quand Genève-Servette a retrouvé les premiers rôles dans le championnat de hockey, le Servette FC se reconstruisait en 2ème division. Et la promotion du club de football a généré les mêmes craintes. Est-ce que le succès de l’un allait affecter les finances de l’autre ? C’est tout le contraire qui s’est produit. Le succès amène le succès. Le sport promeut le sport. Tout ce que Christian Constantin pourra mener à bien produira de l’enthousiasme et engendrera des nouveaux fans de sport. Le Valais est une terre fertile pour le sport. Le ski, le football, le hockey, le tennis. C’est fou comme les gens soutiennent et pratiquent toutes sortes de choses. Je soutiens Christian Constantin à 100% parce que je suis convaincu que cela va aussi nous aider à faire revenir du hockey d’élite dans le Valais central.

Christian Constantin, vous le connaissez bien ?
Oui, oui (rires). Je ne le comprends pas bien parce que son français est très difficile pour moi. Mais je connais certains aspects de sa personnalité que peu de gens voient. Il est brillant. Et surtout il est très honnête et franc du collier. Et il est aussi à fond derrière nous. C’est un ami du HC Sierre et un soutien indéfectible pour le projet de National League que nous voulons construire en Valais.

Un dernier mot sur la licence pour la National League que vous avez déjà demandée. Pourquoi ?
C’était certainement une décision importante. Il faut vraiment voir ce processus comme un début. Nous devons savoir quelles sont les conditions, quels sont les attentes afin d’être prêts pour la National League. On ne sait pas si et quand notre dossier sera accepté. Mais il s’agit surtout d’être prêt pour quand ça sera notre tour. Et quand on y sera, on saura au moins quels critères on devra remplir.