Alain Bonnet : "L'avenir du hockey valaisan passe par une hiérarchie à travers les ligues"
Une équipe à (re)construire, une campagne d'abonnements à mener et un projet de nouvelle patinoire à développer. Au HC Sierre, les défis ne manquent pas durant la trêve estivale. Le président Alain Bonnet fait le point sur les "dossiers chauds" du moment.
Lorsqu'il ne s'active pour enrôler un nouveau joueur ou prolonger un élément de son effectif, le HC Sierre lance et promeut sa campagne d'abonnements. En parallèle, il s'engage aux côtés des différents partenaires concernés pour faire avancer le projet qui doit lui permettre de disposer, à terme, d'une patinoire - enfin - digne de répondre aux besoins du hockey d'aujourd'hui. Son président Alain Bonnet n'a donc pas le temps de s'ennuyer. Interview.
Alain Bonnet, on ne peut pas dire que trêve estivale rime avec vacances dans la cité du Soleil…
Effectivement. C'est même tout le contraire. Nous avons tout l'aspect sportif à façonner. Son financement passe par une bonne dose de travail sur le plan du sponsoring et une bonne mise en route de notre campagne d'abonnements. Et puis cette année, il y a ce projet de nouvelle infrastructure qui bouge. Tout le personnel du club est donc très bien occupé, mais cela va nous permettre de vivre des belles choses durant les prochains mois et les prochaines années.
Sur le plan sportif, on peut parler d'une campagne de recrutement aussi prometteuse qu'ambitieuse du HC Sierre?
En tout cas, nous sommes satisfaits et fiers d'avoir pu engager de véritables renforts et monter une équipe de qualité. Après, vous savez comme moi que la réalité du papier n'est pas forcément celle de la glace. Il n'y a aucune raison d'être euphorique à l'heure actuelle. Nous savons tout le travail qu'il faudra accomplir pour répondre au niveau de notre championnat. Si nous voulons jouer les premiers rôles en Swiss League, nous devrons être capables de faire preuve de régularité tout au long de la saison.
En enrôlant plusieurs "gros noms" du championnat, le HC Sierre confirme qu'il est de plus en plus agressif sur le marché des transferts…
De plus en plus agressif ou de plus en plus ambitieux. Nous avons grandis depuis notre retour en Swiss League en 2019 et nous n'avons pas le choix d'accélérer un peu le pas par rapport à notre projet de développement. Notre but n'est pas uniquement d'engager de "grands noms" mais d'accueillir de bons joueurs pour notre club. Nous avons commencé par répondre à notre besoin de posséder une force offensive plus importante. Désormais, nous sommes en réflexion concernant notre 2ème étranger et un renforcement de notre secteur défensif. Le gros du travail est fait, il nous reste quelques ajustements à régler pour compléter notre effectif.
Pour la première fois en cinq ans, le HC Sierre doit complétement recomposer sa paire étrangère. Un gros défi?
Oui, même si les réflexions à ce sujet ont débuté il y a un certain temps déjà. L'engagement de Josh Lawrence (ndlr : le premier étranger arrivé de Winterthour) ne s'est pas fait du jour au lendemain. Nous l'avons observé à chaque fois que nous l'avons affronté cette saison. C'est un élément qui va être passionnant à voir sous nos couleurs. Je suis convaincu qu'il va performer et qu'il va plaire à notre public. Concernant le 2ème étranger, nous ne voulons pas nous précipiter. L'objectif est de faire le meilleur choix possible pour l'avenir.
Avec Castonguay et Emmerton, le HC Sierre misait sur deux "vétérans" la saison dernière. L'arrivée de Lawrence et ses 22 ans traduit-elle un changement de politique?
Pas forcément. Je rappelle d'ailleurs qu'avant d'être un vétéran, Cory Emmerton était surtout une très belle opportunité pour nous. Un élément qui avait l'expérience de la National League et qui a été performant tout au long de la saison. Simplement, il nous manquait peut-être un élément d'impact au niveau des points. Josh Lawrence (ndlr: 52 points durant l'hiver écoulé) doit jouer ce rôle. Il nous apporte en tout cas de belles perspectives pour l'avenir.
Si Lawrence est un élément "de points", que dire de Leonardo Fuhrer qui a porté une grande partie de l'offensive du HCV Martigny la saison dernière?
Ah c'est clair que cette année, nous sommes bien fournis au niveau des Top Scorers (rires). En ajoutant Arnaud Montandon et Jordann Bougro qui étaient déjà là, nous avons désormais quatre des sept meilleurs pointeurs du championnat. Notre priorité est de bien gérer l'intégration de ces nouveaux joueurs dans le vestiaire afin qu'une bonne ambiance règne tout au long de la saison.
Avec Fuhrer donc, mais aussi Arnaud Riat, Arnaud Currit et le chef matériel, on peut dire que le HC Sierre est allé se servir à Martigny ces dernières semaines…
Disons que le fait que Martigny rétrograde nous a ouvert des portes. Ces trois joueurs cherchaient un nouveau défi en Swiss League et la proximité géographique nous a aidé. En dehors de la glace, Arnaud Currit travaille sur Sierre notamment. Et puis vous savez, durant ma carrière, j'ai évolué à Sierre, à Martigny et à Sion. Un joueur est toujours plus ouvert d'esprit concernant les différentes adresses en Valais qu'un supporter (rires).
Et qu'en est-il des dirigeants? Certains de nos confrères ont lancé une bombe dernièrement en parlant d'un possible mariage entre le HC Sierre et le HCV Martigny…
Tout ce que je peux vous confirmer, c'est que depuis que je suis arrivé à la présidence en 2016, le HC Sierre a toujours eu la volonté de promouvoir une forme de collaboration valaisanne. Nous avons besoin d'une équipe de MyHockey League avec laquelle travailler. Nous l'avons fait avec Guin qui a été relégué l'hiver dernier. Les discussions sont donc ouvertes avec Martigny. Le but est de trouver le meilleur équilibre pour tout le monde. N'oublions pas Viège avec qui nous entretenons également de bons liens. Chacun doit performer de son côté, mais l'avenir du hockey valaisan passe par une hiérarchie à travers les ligues.
Revenons-en aux défis de la période estivale. Bâtir une équipe ambitieuse, c'est forcément un atout au moment de lancer sa campagne d'abonnements…
Évidemment. Cela reste le nerf de la guerre. À Sierre, nous pouvons compter sur une base d'abonnés fidèles. Nous avions la 3ème meilleure moyenne de spectateurs de la ligue la saison dernière (ndlr : derrière la Chaux-de-Fonds et Viège) et nous en sommes très contents. On sent toutefois une certaine pression des fans qui veulent voir une bonne équipe sur le papier avant de s'engager. Régler rapidement certains dossiers est donc fondamental pour dynamiser notre campagne d'abonnements.
Une campagne pour laquelle vous avez reçu du renfort. Vincent Sierro, Lore Hoffmann, Candide Pralong, encore de jolies recrues pour le HC Sierre…
(Rires) C'est pas mal, non? Nous avons bien réfléchi sur le plan marketing et nous souhaitions montrer que le HC Sierre a une très bonne relation avec différents sportifs qui performent dans différentes disciplines. Cela prouve que ces athlètes tiennent aussi au HC Sierre et qu'ils suivent nos résultats.
En parlant de résultats, l'objectif de l'hiver prochain, c'est de passer enfin ce cap des quarts de finale?
C'est peut-être encore un peu tôt pour parler d'objectif concret. Ce qui est clair, c'est qu'au vu de notre recrutement, le HC Sierre veut se positionner dans le haut du classement et doit devenir une équipe importante de Swiss League. C'est fondamental pour être en accord avec notre projet de nouvelle patinoire.
Un projet qui suit son cours et qui entre gentiment le concret?
Oui, je reconnais que jusqu'à présent, il n'y a eu que très peu de communication sur le sujet. Nous sommes donc très contents d'avoir pu annoncer la semaine dernière qu'une date avait été fixée au début août pour la présentation du projet au Conseil général. Dans la foulée (ndlr : le 6 août selon le communiqué de la Ville de Sierre), nous ouvrirons la Maison du Projet sur le site de Condémines. Nous avons hâte de pouvoir montrer à la population ce que nous voulons faire à Sierre. L'objectif est d'avoir une réponse positive du législatif d'ici à la fin de l'année.