Malgré son début de saison prolifique, le FC Sion ne cède pas à l'euphorie

Dans un passé pas si lointain, pareille situation aurait été immédiatement accompagnée d'une forme d'effervescence en Valais. Démarrer par deux succès alors que les "cadors" que sont YB et Bâle attendent toujours de débloquer leur compteur aurait tendu à faire naître des ambitions éphémères, rapidement douchées par l'un ou l'autre revers plongeant le club dans une pseudo-crise. Trop souvent connu, ce scénario ne se répétera pas cette fois. Bien qu'encore en construction, le "nouveau FC Sion" ne fera pas l'erreur de s'emballer de manière précipitée. "Nous ne devons rien lâcher. Nous ne devons pas nous relâcher, et encore moins nous enflammer", a rappelé l'entraîneur sédunois Didier Tholot ce vendredi, à la veille du déplacement de son équipe à Lucerne. "Commencer par deux victoires nous donne de la confiance et de la crédibilité. J'ai toujours dit que ce groupe avait les moyens d'exister en Super League. Nous l'avions déjà prouvé l'an dernier puisque nous n'avons jamais été ridicules lors de nos duels face à des adversaires de cette catégorie en Coupe."

Fidèle à sa ligne de conduite, le technicien tricolore veille à ce que tout le monde garde les pieds bien ancrés sur terre. Ses joueurs sortent de deux premières prestations très convaincantes? Il rétorque qu'une grande marge de progression existe encore. "Nous devons être plus solides, plus matures et plus tueurs devant le but", affirme celui qui a pourtant vu ses protégés en coller quatre à Lausanne samedi dernier. "Un ou deux matches ne font pas une bonne saison. La régularité le fait. Chaque joueur doit être plus régulier, aussi bien sur les 90 minutes d'une rencontre que sur les 38 journées d'un championnat."

Si tous les joueurs utilisés lors des deux premières journées méritent la mention, Ali Kabacalman fait assurément partie des principaux artisans de la bonne entrée en matière des Sédunois. Très propre à mi-terrain, buteur sur penalty le week-end passé, le Vaudois est un rouage important du dispositif valaisan. "Je suis content pour lui, car il a dû attendre son 3ème titre de Challenge League pour enfin obtenir sa chance à l'étage d'au-dessus. Aujourd'hui, il répond à ceux qui jugeaient qu'il n'avait pas le niveau pour faire le saut. Il montre à tout le monde que le niveau ne s'obtient pas par les mots, mais par le travail effectué au quotidien."

Convaincu des aptitudes de son joueur à répondre aux exigences de l'élite, Didier Tholot s'autorise malgré tout à une taquinerie au moment de lui céder sa place devant les représentants des médias. "La Challenge League est demandée", lance-t-il sur le ton de la boutade. "Je sais très bien que le coach le dit de manière ironique, mais cela n'est pas le cas de tout le monde", soupire le numéro 88 de Tourbillon. "Depuis que je n'ai pas été conservé à Yverdon, ce thème revient sur le tapis. À la longue, cela devient lassant d'entendre dire que je suis un joueur de Challenge League. J'espère que mes performances sur le terrain m'aideront à me défaire de cette étiquette qui m'a été collée malgré moi."

Associé à Baltazar devant la défense lors des deux premières journées, celui qui a terminé le derby face à Lausanne dans un rôle plus avancé, en soutien de l'attaquant, se dit légitimement satisfait de ses propres prestations."Le coach joue un grand rôle dans le cap que je suis en train de passer", estime-t-il. "Parfois, un entraîneur suffit à changer la carrière d'un joueur. Sa confiance est importante, pas seulement pour moi, mais pour tout le groupe. Il accepte chacun avec ses qualités et ses défauts et cela nous permet d'évoluer sans crainte sur le terrain." Ces derniers jours, des rumeurs ont fait état de l'intérêt du club turc d'Amedspor pour le milieu de terrain valaisan. "Comme vous, j'ai découvert ça sur Twitter. Je n'ai pas connaissance de quelque chose de plus concret. Tout ce que je sais, c'est que maintenant que j'y suis parvenu, je veux rester en Super League avec le FC Sion", balaie le principal concerné.

Si l'ambiance est logiquement au beau fixe dans les rangs sédunois en ce moment, Didier Tholot et Ali Kabacalman l'ont répété tour à tour : pas question de modifier le discours d'avant-saison. "Notre objectif reste de nous maintenir le plus rapidement possible, point barre. Nous parlerons d'autre chose seulement lorsque nous serons assurés de conserver notre place en Super League. Tout ce qui est pris n'est évidemment plus à prendre, nous sommes en avance par rapport à ce qui était prévu, mais dans le football, tout peut aller très vite."

Après une semaine d'entraînement en partie impactée par les températures élevées (Didier Tholot a décidé de renoncer à la double séance initialement prévue mardi), les Sédunois sont désormais focalisés sur leur prochaine échéance, ce déplacement à Lucerne samedi soir. "Comme toujours lorsqu'on va là-bas, un match difficile nous attend", affirme le technicien tricolore. "Ils sortent d'un bon match nul sur le terrain de GC, et, malgré leur défaite, ils ont eu les occasions pour mettre en difficulté Servette lors de la première journée. Nous devrons être prêts à nous adapter aux deux systèmes qu'ils utilisent, le 4-4-2 en losange et le 5-3-2. Comme toujours, la clé sera de se présenter sur le terrain avec une seule idée en tête : gagner. Je l'ai déjà dit et je le répète : nous ne gagnerons pas tout cette saison. Nous ne devons surtout pas nous prendre pour ce que nous ne sommes pas, mais nous devons croquer tout ce qu'il y a à croquer."

Toujours sans Reto Ziegler dont le retour dans le groupe devrait intervenir très rapidement, le FC Sion tentera d'enchaîner un 3ème succès de rang en ouverture de saison pour la première fois depuis 2012/2013. À l'époque, les Sédunois avaient réalisé la passe de trois en allant s'imposer 3-0 sur la pelouse de...Lucerne.