Christophe Moulin, l'ex-adjoint de Lucien Favre de retour pour encadrer la relève du FC Sion
Dix ans après avoir effectué un premier passage en Valais, Christophe Moulin a retrouvé le FC Sion cet été. Le Neuchâtelois de 54 ans a succédé à Pablo Iglesias dans le rôle de directeur du football, après avoir notamment oeuvré à Nice aux côtés de Lucien Favre.

Dans l'esprit des suiveurs du FC Sion, il est peut-être moins connu que son homonyme valaisan, artisan du doublé Coupe-promotion de 2006 et actuel entraîneur des M19 sédunois. Le Neuchâtelois Christophe Moulin possède pourtant un riche bagage dans le milieu du football. Dix ans après un premier passage à Tourbillon, il a accepté de revenir au club cet été pour y endosser le costume de directeur du football.
L'annonce de son retour était tombée en mai dernier, dans la foulée du maintien en Super League de la formation sédunoise. Elle coïncidait avec celle de la non-reconduction de contrat de son prédécesseur, le Vaudois Pablo Iglesias, en poste depuis 2022. Officiellement engagé au 1er juillet, Christophe Moulin a "officieusement" entamé son mandat dès le 5 juin. "Plusieurs éléments m'ont motivé à revenir", confie-t-il. "Le fait de savoir où je mettais les pieds, dans une région que j'apprécie et d'avoir eu beaucoup de plaisir lors de ma première aventure ici, notamment. À l'époque, j'étais parti après avoir reçu une proposition de l'ASF qui me permettait de me rapprocher de ma famille, mais le FC Sion est toujours resté dans un coin de ma tête."
Un retour différé par…Lucien Favre
Le projet de nouvelles infrastructures, notamment la création d'une académie, a également pesé dans la décision de celui qui aurait déjà pu faire son retour Valais il y a quelques années. "En 2022, j'ai reçu un appel de Christian Constantin qui me proposait de revenir. Je l'ai rencontré en compagnie de Barthélémy et Gelson Fernandes qui était au club à ce moment-là. Ce premier contact, alors que je venais d'annoncer mon départ de l'ASF, m'a touché." Si les échanges n'avaient pas abouti il y a trois ans, c'est qu'au même moment, une autre offre s'était présentée à Christophe Moulin : celle de devenir l'adjoint de Lucien Favre à Nice. "Il m'avait déjà dit qu'il me prendrait avec dans son prochain club. C'est le genre d'opportunités que l'on ne peut pas refuser." L'aventure des deux hommes sur la Côte d'Azur avait duré six mois et s'était achevée en janvier 2023, au lendemain d'une défaite en Coupe de France face au Puy, pensionnaire de 3ème division. Le Neuchâtelois n'en retient toutefois que du positif.
Après son expérience à Nice, Christophe Moulin est donc rentré au bercail, dans "son" club de Neuchâtel Xamax pour y assumer la fonction de directeur du football. "Je me suis investi au quotidien pour faire en sorte de développer le club, en cherchant des synergies entre les différents domaines de celui-ci", explique-t-il. "Avec l'entraîneur, le président et un recruteur, nous étions plusieurs à travailler à la construction de l'équipe. J'avais déjà pu œuvrer dans ce domaine-là à l’époque, en côtoyant Michel Favre, le directeur sportif historique de Xamax. Comme je parle plusieurs langues, il me confiait différentes tâches auprès des joueurs étrangers."
Le lien entre les espoirs et la première équipe
Engagé à la tête du secteur formation du FC Sion (il avait aussi été l'adjoint de Michel Decastel) lors de son premier passage, de 2012 à 2015, le Neuchâtelois s'était donc ensuite occupé de la relève auprès de l'ASF durant sept ans. Désormais, ses principales missions en Valais seront logiquement orientées principalement au service des jeunes. "La première équipe est davantage le domaine de Barthélémy (ndlr : Constantin), de Didier Tholot et du staff", explique-t-il. "Depuis mon arrivée, je me suis surtout concentré sur l'encadrement de la formation, avec tous les entraîneurs et responsables qui chapeautent la structure. Mon enjeu est également de m'occuper de tout ce qui est post-formation. Il est important d'accompagner les jeunes qui arrivent dans le monde professionnel et l'environnement de la première équipe. À 18 ou 20 ans, un jeune n'est pas "fini". Il a besoin d'autre chose qu'un routinier de 30 ans. Entre les espoirs et la une, il y a une passerelle que les joueurs peuvent emprunter dans un sens comme dans l'autre. Il faut être là pour les soutenir. Je conçois ainsi mon rôle de directeur du football : accompagner les jeunes sur le chemin vers la première équipe."
Au fil de ses diverses expériences, le Neuchâtelois de 54 ans a pu observer une évolution dans la manière dont sont entourés des éléments "starifiés" de plus en plus tôt dans leur carrière. "À l'époque, il nous arrivait de traiter uniquement avec les parents pour les remettre sur le droit chemin. Désormais, les amis ou autres proches prennent de plus en plus de place. Ils se comportent comme des pseudo-agents. Tout cela fait qu'on ne parle plus seulement avec le joueur, mais avec tout un groupe. À la fin d'un match moyen, un joueur aura souvent la lucidité d'admettre qu'il n'a pas été bon, mais il arrive que son entourage lui trouve des excuses en pointant du doigt un coéquipier ou les décisions du coach. C'est un problème que je fais en sorte de contrer en adoptant une position ferme. Footballeur est le plus beau métier du monde, mais c'est aussi un métier difficile. Il faut que les joueurs soient préparés à ça."
Un saut plus grand entre la réserve et la une
En revenant en Valais dix ans après la fin de son premier mandat, Christophe Moulin assure ne pas avoir été spécialement dépaysé. "Je remarque relativement peu de changements entre 2015 et aujourd'hui. Les dirigeants sont les mêmes, le stade aussi. J'ai retrouvé Blaise Pifaretti avec lequel je travaillais à l'époque et qui s'engage désormais auprès de l'Association Valaisanne de Football (AVF) avec laquelle nous collaborons. La seule chose qui change et qui me fait drôle est de voir un gars comme Benjamin Kololli, qui était le petit jeune à l'époque, être désormais le plus ancien du groupe de la première équipe." Un autre élément diffère pourtant entre les deux périodes : le saut entre la réserve et la première équipe est devenu plus important depuis la relégation des M21 en 1ère ligue au printemps 2022. "Nous aimerions évidemment que ceux-ci jouent mieux que ce qu'ils présentent en ce moment (ndlr : avec un point en quatre matches, les espoirs sédunois sont derniers de 1ère ligue). À l'époque, la Promotion League offrait une vraie plateforme à nos jeunes joueurs. C'était plus facile de sortir des mecs comme Edimilson Fernandes, Chadrac Akolo ou Vincent Sierro. Je pense malgré tout qu'au-delà de la division dans laquelle évolue la réserve, le plus important est, encore une fois, l'encadrement que l'on offre à ces talents." À ce propos, il est vital pour le Neuchâtelois que l'académie réunissant tous les espoirs sur un même site voit le jour au plus vite.