Ex-champion olympique, Daniel Jérent vise le titre mondial avec les escrimeurs suisses

"La bonne humeur, c'est mon cheval de bataille", confie le Français de 34 ans, nommé entraîneur de l'équipe de Suisse masculine au début de l'année. "Mon crédo est le suivant : travailler bien, travailler efficacement, mais ne jamais perdre le sourire. Le groupe doit passer avant tout. C'est par lui que sortent les meilleures individualités." Quelques mois seulement ont suffi à Daniel Jérent pour faire l'unanimité parmi les athlètes. "Il connait notre réalité. Il est très compréhensif et nous apporte une dynamique positive", affirme Hadrien Favre. "Son arrivée représente un vrai bol d'air frais", enchaîne Lucas Malcotti. 

Le Saviésan est d'ailleurs à l'origine de l'engagement du Tricolore auprès de Swiss Fencing. "Je le connaissais pour l'avoir affronté en tant qu'adversaire dans le passé. J'ai tiré deux fois contre lui pour une victoire et une défaite. Je l'ai approché et visiblement, il a compris qu'il y avait un projet intéressant à développer avec nous." Originaire de Guadeloupe, Daniel Jérent avait mis un terme à sa carrière d'athlète en juin 2023. Il officiait depuis en tant qu'assistant de l'équipe de France. "Dès le départ, mon objectif était de me retrouver aux commandes d'une équipe nationale. Le coup de fil de Lucas est tombé au bon moment. Je suis très content de m'investir désormais pour l'escrime suisse. Le groupe est super, tout le monde est dans le partage."

Daniel Jérent se réjouit de travailler avec des épéistes qu'il a, pour certains, affronté durant son parcours. Passer d'un rapport d'adversaires à celui de coach et athlètes s'est d'ailleurs fait sans difficultés. "Avec des gens intelligents, tout est très facile", relève-t-il. "Chacun connaît son rôle. Personnellement, je ne suis pas là pour être leur chef. Je suis là pour les accompagner, optimiser leurs performances et les aider à atteindre leurs objectifs."

Un événement bien précis est déjà dans le viseur des escrimeurs suisses et de leur nouvel entraîneur : les Jeux Olympiques de Los Angeles en 2028. Titré avec la France lors de l'épreuve par équipes à Rio en 2016, Daniel Jérent connaît la recette et les sacrifices à effectuer pour aller au bout du rêve. Il sait que pour être de la partie dans trois ans en Californie, ses protégés vont d'ici là devoir s'illustrer lors de chaque grand rendez-vous. Le prochain est prévu dès la semaine prochaine avec les Mondiaux de Tbilisi en Géorgie. "Je n'ai pas peur de l'affirmer. L'objectif est de décrocher la médaille d'or par équipes. Les gars en sont tout à fait capables. Ils doivent montrer une réaction après la déception des Européens (ndlr : élimination en quart de finale il y a un mois à Gênes). En individuel, je veux qu'il donne le meilleur d'eux-mêmes. Si c'est le cas, je suis convaincu que nous pourrons également prétendre à une ou plusieurs médailles."

Ambitieux, le Guadeloupéen, également triple champion du Monde par équipes en tant qu'athlète, sera doublement engagé en Géorgie. En plus de sa fonction à la tête de l'équipe masculine, il a provisoirement la charge de l'équipe de Suisse féminine. Il est en effet tenu d'assurer la transition entre le départ de Paul Fausser, dont le mandat a pris fin après la médaille d'argent obtenue par les Suissesses aux Européens de Gênes, et l'arrivée de Ronan Gustin prévue dès le 1er septembre. "C'est un joli challenge. Avec les filles, j'ai récupéré une équipe pleine de confiance. Elles sont vice-championnes d'Europe, elles ont le sourire et elles ont envie. C'est tout ce qui compte. Les compétitions féminines et masculines se chevauchent. Je pourrais donc être présent sur chaque épreuve. Benjamin Steffen (ndlr : ex-escrimeur suisse, multiple médaillé mondial et européen) sera également du voyage pour m'aider. À deux, tout devrait bien se passer."

Ces Mondiaux de Tbilisi débuteront mardi prochain (22 juillet) par la compétition individuelle féminine. Les hommes entreront en lice le jeudi 24. Les épreuves par équipes sont prévues dès le 26 (dames) et le 29 (messieurs).