Des ambitions mondiales pour digérer la frustration européenne des escrimeurs valaisans
Déçus par leurs performances, en individuel comme en équipe, aux Européens de Gênes le mois dernier, les escrimeurs valaisans se rendent aux Mondiaux l'esprit revanchard. Ils espèrent rentrer de Géorgie avec une ou plusieurs médaille(s) dans les bagages.

Ils vont bien. Ils sont prêts. Motivés. Impatients d'en découdre. Mais surtout : ils sont ambitieux. Peu importe les mots que chacun emploie, Alexis Bayard, Lucas Malcotti et Hadrien Favre partagent le même état d'esprit à l'heure d'aborder les championnats du Monde prévus cette semaine à Tbilisi. Ils se rendent en Géorgie avec l'envie de réagir, un mois après les Européens de Gênes.
L'équipe : des liens renforcés, des ambitions réaffirmées
En Italie, ils avaient connu l'élimination dès les quarts de finale de l'épreuve par équipes. "Nous avons bien analysé ce qui nous a manqué. Ces dernières semaines nous ont permis de faire quelques réglages et de travailler sur notre cohésion d'équipe", explique Alexis Bayard. Associés au Genevois Ian Hauri, les trois compères ont notamment eu droit à une semaine de camp dans le canton de Zoug, sous la conduite de leur nouvel entraîneur Daniel Jérent. "L'escrime était évidemment le maître-mot durant tout le séjour, mais vivre 24 sur 24 tous ensemble nous a aussi permis de solidifier notre groupe." Les liens ont ainsi été renforcés, les ambitions réaffirmées. "L'équipe a déjà montré qu'elle était capable d'aller chercher des podiums. Nous allons clairement en Géorgie pour ramener une médaille", affirme Hadrien Favre. "Nous pouvons réussir quelque chose de beau", appuie Lucas Malcotti. S'ils espèrent imiter leurs homologues féminines, médaillées d'argent par équipes aux Européens, les trois Valaisans vont d'abord chercher à s'illustrer individuellement. Tour d'horizon de l'état de forme et des atouts de chacun.
Alexis Bayard : les batteries rechargées, il est un sérieux candidat au podium
S'il a un peu reculé dans la hiérarchie mondiale, occupant le 26ème rang actuel après avoir grimpé jusqu'à la 15ème place il y a deux ans, et qu'il a laissé à Ian Hauri (12ème mondial) le statut de numéro 1 des escrimeurs suisses, Alexis Bayard reste l'un des plus sérieux candidats au podium en individuel. 7ème aux Européens, il n'était qu'à un succès de ramener une médaille de Gênes. À son retour, il nous avait affirmé éprouver une certaine fatigue accumulée au cours d'une longue saison. "Depuis, je me suis accordé plusieurs week-ends de repos. Les batteries ont été rechargées. Je sens désormais la pression grimper. J'ai hâte d'y être et de disputer cette dernière compétition avant les vacances."
S'il était le mieux classé des escrimeurs suisses aux Européens, Alexis Bayard est aussi (paradoxalement ou non) celui qui était le plus frustré en rentrant d'Italie. "La frustration s'est peu à peu transformée en motivation. Je ferai tout pour ne pas reproduire les mêmes erreurs à Tbilisi. Mon objectif est clair : je veux une médaille. Peu importe que ce soit en individuel ou avec l'équipe. Et pourquoi pas les deux d'ailleurs?"
Lucas Malcotti : sans pression, il peut faire mal
"Je ne suis pas allé chercher un gros résultat, mais j'ai eu de bonnes sensations." S'il affirme valoir mieux que sa 17ème place lors de l'épreuve individuelle des Européens, le Saviésan sait s'en contenter, quelques mois après avoir été touché aux adducteurs et aux abdos. "Je ne dois pas oublier que je n'ai fait qu'une demi-saison et que je ne suis pas encore à 100%."
Dans ces conditions, il refuse de se mettre la pression avant ces Mondiaux. "Mais je sais qu'en individuel, tout se joue sur des détails. Dans un bon jour, je peux tout à fait aller chercher quelque chose. Je me rends en Géorgie l'esprit totalement relâché. Cela peut être une force supplémentaire. Touche après touche, je peux arriver à quelque chose de beau."
Hadrien Favre : à 200% après une fin d'Européens douloureuse
Il est celui pour qui les Européens se sont terminés de la manière la plus douloureuse. Victime d'un choc avec un adversaire ukrainien, Hadrien Favre a été évacué de la salle sur civière. "Je vais très bien, j'ai bien récupéré", rassure-t-il quelques semaines plus tard. "C'était une petite commotion, rien de bien grave. J'ai suivi le protocole et tout va mieux désormais. Je ne me sens pas à 100% mais à 200%. Prêt à repartir au combat." Dans son malheur, l'épéiste d'Euseigne a eu le bonheur de voir ses sœurs Aurore et Angeline aller chercher cette fameuse médaille d'argent. "J'étais très content pour elles. Lorsqu'elles ont gagné leur demi-finale, j'ai exulté. Leur médaille rachète toute la déception que j'avais en moi concernant mes propres performances et cet accident qui m'est arrivé."
À l'instar de ses coéquipiers, Hadrien Favre dit avoir su transformer sa déception en motivation pour l'échéance qui arrive. "Le gros du travail avait été fait avant les Européens. Avoir dû me reposer quelque temps n'a donc pas changé grand-chose. Même si la saison a été longue, la nouvelle dynamique apportée par notre entraîneur nous a amené beaucoup de fraîcheur et nous a globalement permis d'obtenir de bons résultats. J'espère pouvoir participer à la réussite de l'équipe lors de ces Mondiaux."
Les Jeux Olympiques sont déjà dans toutes les têtes
S'ils espèrent performer et montrer autre chose aux Mondiaux que lors des Européens, c'est que les escrimeurs valaisans voient déjà plus loin. Tous savent que chaque gros rendez-vous peut les rapprocher, ou au contraire les éloigner, d'une qualification pour les prochains Jeux Olympiques prévus en 2028 à Los Angeles. "Cette échéance est clairement dans un coin de ma tête. Sans elle, je ne continuerais pas l'escrime", affirme sans hésiter Lucas Malcotti. Seul représentant de l'escrime suisse à Paris l'été dernier, Alexis Bayard abonde dans le même sens. Hadrien Favre parle lui d'un "objectif clair qui ne doit pas nous crisper pour autant. Trois ans, c'est long, mais on sait aussi que tout ce qu'on fait paiera ou non d'ici là. Le travail se fait donc déjà en vue de ces JO."