"Le BBC Monthey-Chablais a retrouvé son esprit d’équipe" : José Gonzalez Dantas
Le BBC Monthey-Chablais s’apprête à défier Fribourg Olympic en quarts de finale des playoffs. On vous propose de mieux faire connaissance avec José Gonzalez Dantas, le coach principal de l’équipe chablaisienne.

Le BBC Monthey-Chablais s’est qualifié de justesse pour les playoffs de Ligue A. Un ticket arraché grâce à un dernier succès contre Lugano la semaine dernière. La formation chablaisienne a vécu une saison contrastée, marquée notamment par le changement d’entraîneur principal en février. Et c’est l’assistant, José Gonzalez Dantas, qui s’est vu confier le poste. L’ancien coach du BBC Troistorrents, revenu en Suisse l’été dernier, savait déjà bien où il mettait les pieds. Interview.
José Gonzalez Dantas, expliquez-nous d’abord pourquoi avoir accepté de revenir dans le Chablais ?
La situation était claire. Si une opportunité professionnelle se présentait en Suisse, ma partenaire était d’accord de m’accompagner. L’histoire ne s’est pas déroulée exactement comme ça. Quand nous sommes tombés d’accord avec Monthey, elle a finalement dû continuer son chemin en Espagne. Mais elle a été d’accord que je revienne. Dans la vie, il y a des chances qui se présentent et malgré ma situation personnelle, il faut savoir s’adapter.
L’adaptation, vous connaissez. Surtout après trois saisons au BBC Troistorrents, non ?
C’est vrai. Mon intégration a été beaucoup plus rapide et plus facile cette fois. Je connaissais déjà la plupart des gens. Je connaissais l’environnement dans lequel j’allais évoluer. Et je connaissais déjà bien la région.
Est-ce que la Suisse vous avait manqué ?
Oui, un petit peu. Si je n’avais pas été heureux ici, dans mon premier passage, je ne serais pas revenu. Ma première expérience avait été très positive, tant au niveau professionnel qu’au niveau humain. J’ai adoré le style de vie dans ce pays merveilleux. Cette expérience m’a facilement convaincu de revenir.
Et qu’est-ce que vous avez compris du basket suisse ?
C’est très différent de ce que j’ai vécu en Espagne. D’un côté, on voit des situations similaires dans tous les championnats et à tous les niveaux. Il y a toujours deux ou trois équipes supérieures. Mais dans mon pays, on travaille avec des joueurs et des joueuses qui affichent un niveau de connaissance technique et tactique bien supérieur. Ici, en Suisse, le niveau est un peu inférieur. Il faut savoir le reconnaître. Je pense que c’est aussi pour ça que les clubs helvétiques font appel à des entraîneurs étrangers. Pour essayer d’améliorer certaines choses. Je dirais qu’en Suisse, on pratique un basket plus dur, plus physique. Il s’agit de savoir s’adapter de la meilleure manière.
Beaucoup de clubs suisses ont aussi des problèmes financiers. On dit souvent que ce sont des clubs professionnels administrés par des bénévoles. Quel est votre regard par rapport à ça ?
Cela génère forcément une situation incertaine. Quand la moitié de l’équipe est professionnelle et l’autre pas, quand une partie de la structure est professionnelle et l’autre pas, c’est parfois difficile pour tout le monde de tirer à la même corde. Mais c’est parfaitement compréhensible. Il n’y a pas d’argent pour tout le monde. Toutes les équipes ne peuvent pas avoir un directeur technique, un directeur sportif ou un président entièrement dédié à la tâche. Néanmoins, la situation est telle qu’elle est. Il faut surtout savoir valoriser le travail des gens, qui s’engagent bénévolement, voire qui mettent de l’argent pour faire tourner la machine. Le point principal, c’est le respect envers les gens qui se dédient sans compter pour faire avancer les choses. Il faut aussi garder à l’esprit que ce sont les intérêts du club et de l’équipe qui passent avant tout.
Et les dirigeants du BBC Monthey-Chablais ont estimé que c’était vous la meilleure solution pour l’équipe. Puisque vous étiez l’assistant en début de saison et que vous avez repris les commandes en cours de route.
Oui, tout d’abord je dois remercier le comité du BBC Monthey-Chablais, qui m’a fait confiance dès le départ. En tant qu’assistant de la première équipe et en tant que coach principal dès U23. Ensuite, il y a eu une décision compliquée pour le club, avec la séparation de l’entraîneur principal. Ce ne sont pas des décisions qui se prennent à la légère. Je pense que les dirigeants n’avaient qu’une seule idée en tête. Celle de prendre la meilleure décision pour le club. Je ne sais pas si je représentais alors la meilleure option pour la suite, ni même si j’allais obtenir des résultats. Mais j’ai promis de m’investir à fond dans cette nouvelle mission. Je pense que le travail finit toujours par payer. On en a eu la preuve lors de nos trois derniers matches de la saison à domicile, ponctués par trois succès. J’ai également l’impression que nous avons reconnecté l’équipe avec le public du Reposieux. C’est un pas très important pour l’avenir, même pour la saison prochaine.
En parlant de connexion. Est-ce qu’on peut dire que vous étiez un peu déconnecté de Chris Chougaz, votre prédécesseur ? Ou alors, est-ce que vous avez pris trop de place ?
C’est une question délicate. Il y a eu un moment critique durant la saison. J’ai toujours été transparent et j’ai toujours tenu la même version auprès de tout le monde. Une décision du comité concernant la présence de deux joueurs de la première équipe avec les U23 n’avait pas été acceptée par le coach principal. Chris Chougaz ne voulait pas qu’ils jouent, le comité oui. Et moi, je me plie aux décisions du comité. Ce moment a créé de la distance entre nous. Dès lors, une fracture s’est installée, au détriment de l’équipe. C’est simplement ma perception. À aucun moment, je n’avais l’idée ou l’envie d’aller à l’encontre de l’entraîneur principal, ni ne prendre sa place. Mais la communication était rompue. Quand quelqu’un ne t’adresse plus la parole, c’est compliqué. Nous avons, après cet épisode, retrouvé de la connexion à tous les niveaux. Le staff avec l’équipe et l’équipe avec le public.
Parlons de cette série contre Fribourg Olympic. Vous aviez connu une situation similaire avec Troistorrents contre Elfic. Les Fribourgeois sont largement favoris.
Absolument. Fribourg évolue deux crans au-dessus. Ça sera une série très compliquée et mes joueurs le savent. Mais le discours est très simple. Si nous faisons notre travail sérieusement et que l’adversaire est meilleur, il n’y aura pas de regret. Si on veut avoir une chance, il faudra délivrer la meilleure performance possible. Depuis le début de la semaine, nous avons tenté de conditionner les joueurs pour qu’ils arrivent à ces playoffs dans les meilleures dispositions possibles.
Quels sont les points forts de votre équipe en ce moment ?
Je pense que nous avons changé notre style de jeu, en essayant de jouer plus rapidement. Et quand ça marche, je l’ai d’ailleurs dit aux joueurs, c’est très excitant à regarder. On devra donc miser sur nos forces. Et aussi savoir modifier notre approche quand cela ne fonctionne pas. La clé, sera l’adaptation. Mais je constate que nous avons réalisé de gros progrès sur le plan du rythme et également sur les aspects défensifs. Les phases en un contre un nous coûtent encore un peu mais ça s’améliore. Et certains joueurs, à titre individuel, ont également haussé leur niveau de jeu. Pour terminer, le BBC Monthey-Chablais a retrouvé son esprit d’équipe. Le plaisir est revenu aux entraînements. Chacun est capable de reconnaitre ses erreurs et d’accepter le feedback, moi y compris. Sur le terrain, ça donne un groupe uni et plus apte à délivrer un basket de meilleure qualité.