L'application TikTok cartonne auprès des plus jeunes. Mais son contenu n'est pas adapté aux enfants
Comme tous les réseaux sociaux, elle n’est pas sans dangers. Narcissisme, hypersexualisation des petites filles et violence: son contenu n'est pas adapté aux nombreux enfants qui l'utilisent. La solution: éducation et prévention autant à l'école qu'auprès des parents.

Ils imitent les chorégraphies de leurs stars dans la cour d’école ou se lancent des défis: TikTok cartonne auprès des plus jeunes. Le réseau social du moment séduit par les courtes vidéos qu’il permet de créer et de diffuser. Aujourd’hui, les trois quarts des jeunes disposent d’un compte TikTok en Suisse, contre 40% seulement en 2018. Les 12-15 ans sont les plus représentés. Le Conseil fédéral a décidé de ne pas légiférer sur l’accès aux réseaux sociaux. En théorie, l’utilisation de TikTok est interdite aux moins de 13 ans.
Ils utilisent TikTok dès 7 - 8 ans: c'est ce qui pose problème
Mais l’application est parfois utilisée par de très jeunes enfants, dès 7 ou 8 ans. Et c’est ce qui pose problème. «Les enfants doivent être conscients que ce qui est sur les réseaux sociaux est une mise en scène de la réalité. Il faut un certain esprit critique quand ils regardent ces contenus», explique Martina Robbiani, chef de projet pour la plateforme Jeunes et médias à Berne. «Les plus jeunes peuvent aussi tomber sur du contenu qu'ils ne voudraient pas voir, qui peut les troubler, les choquer. Et donc c'est important de pouvoir toujours en parler avec les parents ou une personne de référence à qui ils peuvent se confier.»
«L'hypersexualisation des petites filles attire des pédocriminels sur TikTok encore aujourd'hui.» Eric Fauchère, chargé prévention et sécurité au centre de compétences ICT VS
Parce que sur TikTok, on trouve aussi bien des contenus clairement sexuels, que des vidéos incitant à se mettre en danger. Récemment, une enfant de 10 ans est décédée en Italie, après avoir participé à un jeu sur l’application. En Valais aussi, des défis dangereux existent, selon Eric Fauchère, chargé prévention et sécurité au centre de compétences ICT VS. Racisme, violence et discrimination s’expriment aussi librement en images sur la plateforme, ce qui rend l’accès risqué pour les plus jeunes utilisateurs. Mais plus que tout, l’hypersexualisation des jeunes filles, voire des petites filles, et la présence d’utilisateurs malveillants, posent problème sur TikTok. «Il faut bien s'imaginer que nous sommes sur un réseau social, où il n'y a pas que des enfants. Et lorsqu'une des stars du réseau, adulte elle, propose des chorégraphies à imiter, cela va jusqu'à la tenue. Et quand ces tenues sexy sont portées par des filles de 8 ans, cela pose problème. C'est ce qui a fait que ce réseau social a été connu. Parce que cette hypersexualisation des petites filles attire des pédocriminels, qui rôdent sur ce réseau encore aujourd'hui.»
«Les enfants n'ont pas conscience de ce qu'ils dégagent quand ils montrent leur ventre.» Loris Robert, agent de prévention auprès de la fondation suisse Action Innocence
Loris Robert, agent de prévention auprès de la fondation suisse Action Innocence, pointe aussi du doigt le nombre important de jeunes enfants qui ont un compte. «Ils n'ont pas cette capacité à dire non quand un individu vient leur parler, ni la conscience que c'est peut-être quelqu'un qui a de mauvaises intentions derrière.» Et comme Eric Fauchère, Loris Robert rappelle que les enfants qui se mettent en scène dans de petites chorégraphies en imitant leurs stars, ne se rendent pas compte de ce qu'ils peuvent éveiller chez les adultes. «Ils n'ont pas la conscience du corps et de ce qu'ils dégagent quand ils sont peut-être un petit peu dénudés ou qu'ils montrent leur ventre.»
Cours d'éducation aux médias dès la rentrée
Martina Robbiani, Eric Fauchère et Loris Robert sont unanimes: la solution passe par l'information et la prévention. Les différents cantons se sont d'ailleurs mis d’accord : le nouveau Plan d’étude romand devrait inclure des cours d’éducation aux médias dès la rentrée prochaine. Il est également important que l’école et les parents en parlent avec les enfants, pour les aider à développer un esprit critique concernant le contenu et la manière de fonctionner de ces réseaux.