"Dry January": le Grand Conseil a dit non à cette action portée par Promotion Santé Valais
Le Grand Conseil ne veut pas d'un mois de janvier sobre ou "Dry January". Lors d'un vote très serré ce vendredi matin, il a demandé au gouvernement de faire cesser l'action originaire du Royaume-Uni et portée par Promotion Santé Valais.

Le Grand Conseil demande au gouvernement de faire cesser l'action "Dry January" ou janvier sobre, portée par Promotion Santé Valais. Les députés ont accepté ce vendredi le postulat urgent issu des rangs PDC du centre, par 59 voix contre 56 et 7 abstentions.
«Plus personne ne boit l'apéro dans notre canton depuis bientôt une année.» Emmanuel Chassot, député PDC
"Stop Dry January", c’est le titre du postulat urgent déposé au Grand Conseil par le groupe PDC du Centre. L’intervention demandait au Conseil d’Etat un arrêt immédiat de la campagne de promotion. C’est la première fois que l’événement est organisé officiellement en Suisse. «Vu les grandes difficultés actuelles de l'économie viti-vinicole et des cafetiers restaurateurs, nous avons demandé que cette action cesse», explique le député Emmanuel Chassot, auteur du postulat et vigneron-envaveur à Conthey. «Il y a très peu de consommation aujourd'hui, puisque les établissements sont fermés et les rassemblements interdits: plus personne ne boit l'apéro dans notre canton depuis bientôt une année. Je ne milite pas contre la prévention, mais contre cette campagne importée du Royaume-Uni.»
L'Alliance de Gauche, les Verts et le PLR ont demandé de refuser ce postulat
Le gouvernement ne partage pas l'avis d'Emmanuel Chassot. Il a demandé de rejeter le postulat. «Nous sommes conscients des difficultés majeures de la branche et avons pris de nombreuses mesures pour les personnes concernées», a rappelé Esther Waeber-Kalbermatten. La cheffe du Département de la santé, des affaires sociales et de la culture a toutefois rappelé la mission de tous les acteurs de la prévention, dont fait partie Promotion santé Valais.
Emmanuel Chassot s'y attendait: le postulat a également été combattu par quelques groupes.
Le député Patrick Evéquoz (AdG) s'est «étonné de la virulence» du postulat vis-à-vis d'un janvier sobre, que chacun est libre de suivre ou non. Selon lui, il existe des actions similaires de prévention contre le tabac et les cigarettiers ne montent pas au créneau pour autant.
Pour Alexandre Dubuis, député Vert et responsable du secteur Addiction-CIPRET, «le Valais connaît une consommation excessive d'alcool, supérieure à la moyenne nationale, chez les adultes et les jeunes.» Il a rappelé que le "Dry January" est un défi ludique. «Les autres cantons romands n'y ont pas mal réagi, même les cantons viticoles.» Et du même parti, Nathalie Cretton a simplement rappelé le coût des addictions à l'alcool en Suisse: 2,9 milliards.
«Nous craignons de véhiculer l'image caricaturale du Valaisan qui ne peut se passer de l'apéro.» David Crettenand, député PLR
L'UDC a soutenu ce postulat. Quant au PLR, il s'est montré divisé: certains ont déploré une communication maladroite, mais redouté plus encore de contrer l'action et de véhiculer ainsi «l'image caricaturale du Valaisan qui ne peut pas se priver d'alcool», a résumé le député David Crettenand, qui a invité à refuser le postulat.
Le postulat est maintenant transmis au Conseil d’Etat, qui est chargé de le mettre en œuvre.