Pierrick Moulin : "Je vais revenir plus fort mentalement"
Gravement touché au genou gauche en début de saison, Pierrick Moulin a vu sa progression se stopper brutalement. À 21 ans, le milieu du FC Sion est revenu à notre micro sur ces moments compliqués, sa rééducation et les objectifs pour la suite de sa carrière.

Il était en train d'écrire une belle histoire. Le genre d'histoire entre un club et un de ses purs produits, que les supporters réclament inlassablement saison après saison. Pierrick Moulin a réalisé toutes ses gammes au sein de la formation sédunoise. Le Martignerain est devenu un élément indiscutable au sein des M21, jusqu'à participer à la préparation estivale avec l'équipe première. Le 22 septembre dernier, lors d'un match entre la réserve valaisanne et celle de Servette en 1re ligue, le milieu de terrain s'est grièvement blessé lors d'un duel anodin, après une poignée de secondes de jeu seulement.
Le diagnostic était sans appel : rupture des ligaments croisés du genou gauche, une blessure aussi grave que douloureuse. "Sur le coup, je sens un crac à l'intérieur de mon genou. L'heure d'après, la douleur était tellement atroce que j'en tremblais", se souvient-il. "À partir de ce moment-là, franchement tout s'est bien passé. Les premiers jours, je ne pensais pas que cela allait être trop grave. Lorsque j'ai réalisé une IRM, le médecin m'a appris la mauvaise nouvelle. Je ne m'y attendais pas vraiment."
Des promesses laissées en suspens
Avant cet accident, Pierrick Moulin s'était donné les moyens de réaliser son rêve d'enfant, celui de porter le maillot de la première équipe. Un talent, polit donc par beaucoup de travail et de détermination, jusqu'au moment où Didier Tholot a décidé de lui donner sa chance en Coupe de Suisse, plus précisément dans le traquenard de Delémont. Une première sous le maillot de son club de toujours qui vient récompenser de longs mois de dur labeur.
Il n'y a évidemment jamais de bons moments pour subir ce type de blessure, mais le timing de cette dernière laisse encore plus de frustration au jeune milieu de terrain. Au moment où il répétait ses présences sur les feuilles de match, Pierrick Moulin s'est en quelque sorte fait couper l'herbe sous le pied. "J'en rêvais de cette première depuis tout petit. Parfois, le rêve s'approche, parfois, il s'éloigne. Quand tu y goûtes une première fois, tu veux tout de suite y regoûter". Cette déception, le Valaisan de 21 ans a dû l'évacuer avant d'entamer sa guérison. "Cela a vraiment été compliqué durant les premiers jours", confie-t-il.
Malgré son jeune âge, le Martignerain a rapidement su voir le verre à moitié plein au milieu de son malheur. "Je me suis vite dit qu'il fallait que j'en tire le positif, que je ne pouvais rien y faire. Au fond, la blessure a rapidement été digérée et c'était une surprise. Je pensais que j'allais être au fond du trou. Mentalement, j'ai essayé de faire un travail sur moi-même, de me poser et de réfléchir. Il m'a fallu un jour où je suis resté chez moi, j'ai extériorisé. Mais après, je me suis vraiment focalisé sur le processus de guérison."
Un long et sinueux chemin vers la rééducation
L'opération faite, Pierrick Moulin a pu se projeter quelque peu. "Je dois reprendre par pallier. Je vais gentiment essayer de monter sur le vélo, puis essayer la course au bout de 2-3 mois", détaille-t-il. "Ensuite, nous allons tester les changements de direction. À partir de ce moment-là, le retour du ballon sera possible. En plus de tout ça, je vais devoir faire un gros travail athlétique. Mentalement, je vais revenir frais et avoir un bagage supplémentaire".
Si toutes ces précautions sont prises, c'est pour une simple et bonne raison. Le risque de rechute est réelle chez les sportifs. "La première chose que l'on m'a dit après l'opération, c'est de faire comme il faut. Les risques de se blesser à nouveau existent. Je privilégie l'option de revenir le mieux possible plutôt que de revenir le plus vite possible. On passe des jours à l'hôpital, ce n'est pas facile. Je vais donner le meilleur de moi-même afin de revenir au top de ma forme", prévient Pierrick Moulin. Dans cette optique, le Valaisan réalise en parallèle un gros travail afin de prendre de la masse corporelle, une chose ardue pour lui.
L'importance de l'ancrage local
Avec le Valaisan de 21 ans, le FC Sion comptabilise dans ses rangs un pur produit émanant de sa formation. Malgré son statut de jeune espoir du club, il nous affirme qu'il ne reçoit aucun traitement de faveur de la part de Didier Tholot.
Enfant du club, Pierrick Moulin est également le premier fan des Rouge et Blanc depuis petit. "On reste toujours un supporter du club, même quand on y joue. Quand un fan vient me parler, je suis autant animé que lui. On confronte même parfois nos idées", se marre-t-il. Des moments de partage, mais pas que. "Plein de gens me disent que cela fait plaisir qu'il y ait un Valaisan dans l'équipe. Parfois, on parle comme si j'étais le seul à venir de la formation locale, alors qu'il y en a plusieurs au sein de l'équipe et il y en aura peut-être encore quelques-uns derrière moi. Il faut croire en la formation, je ne suis pas le premier depuis cinq ans, d'ailleurs, je n'en suis pas encore arrivé", sourit le milieu de terrain.
La patte de Pablo Iglesias
Ce n'est pas une nouveauté, les infrastructures du FC Sion ne sont pas dignes d'un club de cette trempe. Pierrick Moulin est bien placé pour en parler, puisqu'il a gravi la majorité des échelons au sein du club. D'ailleurs, il remarque une nette amélioration depuis l'arrivée d'un certain Pablo Iglesiais, qui alertait déjà sur Rhône FM de ce problème. "Il a vraiment structuré la formation. Avant, chaque entraîneur faisait à sa manière. Cela peut être une bonne façon de faire, il y a deux écoles. Il existe désormais une coordination entre les équipes de jeunes. Quand tu montes d'un échelon, tu sais à quoi t'en tenir. Je pense que le travail a bien été fait et que cela va porter ses fruits sur le long terme."