50 ans que les castors ont été réintroduits en Valais
Voilà 50 ans que les castors ont été réintroduits en Valais. Si aujourd'hui, ces animaux se dénombrent par centaines, à l'époque, les connaissances liées à leur habitat n'étaient pas encore aussi étendues, selon le biologiste valaisan Jean-Claude Praz.

C'était entre octobre 1973 et mars 1974. Huit castors en provenance de Savoie avaient été échangés contre des bouquetins. Trois de ces rongeurs avaient été placés dans le lit du Trient, à Finhaut. Puis, quelques temps plus tard, cinq autres dans la réserve de Poutafontana, entre Bramois et Grône, selon Jean-Claude Praz, biologiste et ancien directeur du Musée de la Nature du Valais.
Nécessité de trouver le bon milieu
La Société valaisanne de biologie de la faune indique de son côté que cette réintroduction avait été menée avec l'accord des sociétés de chasse et de pêche du Valais. Et autorisée par les instances fédérales. Reste qu'à ce moment-là, tout ne s'est pas passé comme prévu. La faute au manque de connaissances du côté valaisan pour ce qui est de l'habitat de l'animal, selon Jean-Claude Praz : "Les gardes-faune français qui les avaient amenés ont tout de suite dit que la zone du Trient n'était pas favorable et ont demandé au service de la chasse s'il n'y avait pas d'autres milieux plus propices pour y installer les castors. Lorsqu'ils ont découvert la réserve de Poutafontana, ils ont tout de suite dit que l'endroit était parfait", raconte Jean-Claude Praz.
Depuis sa réintroduction dans le canton, dans les années 1970, les choses ont changé. Non seulement, le castor a pu se reproduire, mais il s'est aussi éparpillé un peu partout, le long de la plaine de Rhône. Selon Jean-Claude Praz, il existe désormais une vingtaine de sites qui abritent ces rongeurs, rien que dans le canton.
Un ingénieur qui intervient en douceur
Ils laissent même des traces – des "symptômes" de leur passage, selon Jean-Claude Praz – bien reconnaissables de leur implantation dans le canton. A commencer par la construction de barrages qui ne font pas que des heureux. "C'est un ingénieur qui intervient tout en douceur", explique l'ancien directeur de musée. "Un barrage de castor, ce n'est pas le mur de la Grande Dixence. C'est un barrage constitué de branche qui n'est jamais 100% étanche et qui gêne un peu l'image que l'on se fait d'un cours d'eau. Et ça dérange beaucoup les humains alors qu'ils le font avec une discrétion mille fois supérieure à la discrétion des humains qui aménagent un cours d'eau", regrette Jean-Claude Praz qui souhaiterait plus de tolérance de la part des humains vis-à-vis de ces constructions.
"Cette espèce fait partie de la vie de nos cours d'eau, aménage le paysage et lui donne aussi une dimension nouvelle" Jean-Claude Praz, biologiste et ancien directeur du Musée de la Nature du Valais
Le biologiste à la retraite estime d'ailleurs que ces animaux sont même devenus une composante fondamentale du décor du canton. "Cette espèce fait partie de la vie de nos cours d'eau. Elle aménage par exemple le paysage et lui donne aussi une dimension nouvelle", conclut ce dernier. De quoi ajouter un intérêt supplémentaire à nos promenades en pleine nature, selon lui.
Si le castor a été réintroduit dès 1973 dans le canton, ce n'était pas la première espèce animale à avoir connu ce sort en Valais. Avant lui, et plus précisément, dès le début du 20ème siècle, le bouquetin, le chevreuil ou encore le cerf ont connu un traitement similaire. "Le castor fait partie de toutes ces espèces qui ont été éliminées de la Suisse au 19ème siècle. D'une part à cause du début de l'aménagement des rivières, d'autre part, par des chasses excessives partout", précise le biologiste.